Chronique historique
par Sylvain Bertoldi, Conservateur en chef des Archives d'Angers
Vivre à Angers, n° 424, juin 2019
Depuis 1983, Angers possède un Centre de congrès idéalement situé en bordure du jardin des Plantes, entièrement rénové en 2018-2019. Cet équipement était désiré depuis… 1920. Une lettre publiée dans Le Petit Courrier du 17 février 1920, sous la signature anonyme d’« un abonné » réclame « un hôtel du Sport et de l’Art ». « Ce qui manque à Angers, dit-il, c’est une vaste salle bien aménagée pour 2 000 personnes. » Il préconise que les sociétés culturelles, à l’image des sociétés mutualistes et des syndicats ouvriers, qui ont, les uns l’hôtel de la Mutualité et les autres la Bourse du travail, forment une société immobilière et il suggère les anciens terrains de l’institution Saint-Julien (emplacement de l’hôtel des Postes, rue Franklin-Roosevelt) pour y faire élever une véritable maison d’œuvres, tel l’hôtel des Sociétés savantes à Paris rue Danton. Selon cet article, la municipalité avait alors le projet d’acheter un « immeuble fameux », sans plus de précision.
La Tribune angevine
Une association se crée en 1931 – La Tribune angevine – pour dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas et ouvre un débat sur « Comment faut-il agrandir, assainir et embellir notre ville ? » Parmi les sujets, naturellement, le palais des fêtes et des expositions. Selon l’expression d’une des chevilles ouvrières de l’association, Pierre Brisset, négociant, secrétaire de la chambre de commerce, « des idées neuves furent remuées à la pelle et chacun s’en fut coucher, persuadé que de grandes réalisations allaient voir le jour. Hélas, nos vœux, pauvres mots, n’eurent aucun lendemain. »
La question est reprise en 1939. À l’unanimité, Angers demande un centre culturel, une salle des fêtes, une piscine et une gare routière. Mais la guerre met son couvre-feu sur les projets. La vie reprend son cours normal à la Libération et, rien ne venant, La Tribune angevine remet ses travaux sur le métier sous un titre volontairement agressif, pour secouer l’apathie générale : « Angers, capitale de l’Ouest ? ou chef-lieu de canton ? » (21 janvier 1949). Le 22 janvier 1949, par lettre au maire, le groupe MRP du conseil municipal – dont Jean Sauvage – demande la création à l’emplacement du Grand-Cercle, boulevard du Maréchal-Foch, d’un centre d’activités multiples culturelles et sociales. Le Grand-Cercle avait vu le jour d’une initiative privée en 1854-1855 : les cercles de la bourgeoisie angevine s’étaient unis pour former une société civile afin de disposer d’un palais des fêtes, par la suite partagé avec le cercle militaire.
Enfin, à la veille des élections d’avril 1953, Victor Chatenay publie son bilan et promet : « Nous pouvons citer comme projets d’urgence : 1 – le tout à l’égout ; 2 – la réfection du Grand-Cercle… ». Réélue, la municipalité fait dresser un plan quinquennal au début de 1954 où figure le palais des fêtes. Le 21 octobre, Pierre Brisset s’impatiente dans Le Courrier de l’Ouest : « Et le Grand-Cercle ?… Nous y voilà. Le Grand-Cercle est toujours là, solennel, majestueux, dominant le boulevard, mais il se meurt de vétusté et ses incommodités le rendent de moins en moins utilisable. Sa charpente, de l’avis d’une autorité municipale qui l’a avoué en réunion du conseil, n’est pas sûre, la pluie qui s’y infiltre suinte jusque dans la salle. […] La plus fastueuse, la plus grande salle – seulement cinq cents places – […] que la ville ait à offrir aux organisateurs de réunions, de manifestations culturelles et autres ! »
Un projet pour lancer la réflexion
Dans le cadre de ses grandes enquêtes, Le Courrier de l’Ouest relance le débat en novembre 1954 : « Ce qui manque à l’Athènes de l’Ouest. Une salle des fêtes qui soit aussi une maison des arts ». Les lecteurs y souscrivent avec une belle unanimité. La Tribune angevine met au point un projet. Un architecte bénévole, qui a voulu rester anonyme, dresse les plans du bâtiment souhaité en remplacement du vétuste Grand-Cercle. Pierre Brisset est en première ligne. Voir grand, dit-il, est une nécessité pour un équipement qui doit durer. Il faut un grand hall, desservi par d’importants escaliers, trois ou quatre salles de conférences ou d’auditions (150, 300 et 500 places), des locaux pour l’Office de tourisme. Au premier étage se trouveraient un grand foyer, une salle de 1 600 places pour expositions, congrès, concerts et banquets. De vastes sous-sols serviraient au rangement des fauteuils, quand l’auditorium serait converti en salle d’exposition. Au deuxième étage seraient aménagées d’autres salles pour réunions et commissions de congrès, ainsi que les locaux pour les sociétés culturelles. C’est le programme d’un « Centre de congrès ». Le mot est d’ailleurs employé un peu plus tard, en février 1957. Pierre Brisset insiste : « Cette réalisation sera incontestablement rentable par la notoriété qui en résulterait pour Angers, par son influence heureuse sur le volume général des affaires » (Le Courrier de l’Ouest, 13 novembre 1954). Il insiste d’autant plus que le congrès international des rosiéristes de septembre a donné lieu à bien des difficultés pour trouver son hébergement et à quelques cocasseries… Ainsi ce membre du comité d’organisation qui disparaît au coin d’une rue… à la recherche d’une salle des fêtes angevine qui n’est encore qu’un rêve… Pendant ce temps, la municipalité pare au plus pressé et fait quelques aménagements afin que les greniers Saint-Jean puissent servir aux réceptions et aux fêtes.
À la suite de cette enquête, le 25 février 1955, La Tribune organise un débat de synthèse : « Ce qui manque à Angers » et en publie les conclusions : 1 – centre culturel en remplacement du Grand-Cercle ; 2 – une piscine d’hiver ; 3 – une gare routière ; 4 – des halles modernes. L’adjoint aux finances de la Ville, Marcel Lebreton, a accepté le dialogue. Il répond à Pierre Brisset qu’il y a des urgences extrêmes qui conditionnent toutes les autres : « C’est du perron de ce Cercle que, l’année dernière, l’abbé Pierre adjurait les municipalités et celle d’Angers, en l’occurrence, de ne pas construire de salle de fêtes tant qu’il y aurait encore quelqu’un sans logis ou mal logé. Certes, le tourisme est une activité économique rentable et très particulièrement la vocation d’une ville qui a toutes possibilités de devenir un centre de congrès. C’est pourquoi un palais des Fêtes rentre aussi dans l’aménagement économique de notre cité. »
Place La Rochefoucauld ou au Grand-Cercle ?
La municipalité a une autre idée que le Grand-Cercle ou plutôt elle adhère à l’idée lancée à l’ouverture de la 27e foire-exposition de l’Anjou par son président Paul Rozé : un parc des expositions et des congrès place La Rochefoucauld et quai Monge, là où se tiennent les foires-expositions. Ce serait un édifice de 300 m de long sur 30 m de large, rien que cela, supporté par des piliers prenant assise sur les cales de la Maine, ménageant la possibilité d’une circulation et l’installation de tribunes couvertes pour les spectacles nautiques. Des sondages de terrain sont effectués, ainsi que l’indique Le Courrier de l’Ouest du 27 février 1957. On prélève des échantillons du sous-sol de 50 m en 50 m. Mais hélas, ce dernier, fait de remblais sur les anciens prés de l’hôpital Saint-Jean et sur la boire de la Maine, se révèle trop meuble pour supporter des constructions que, pour une fois, la Ville voyait gigantesques.
On revient alors à l’emplacement que désignaient Pierre Brisset et la plupart des Angevins : le Grand-Cercle. Le conseil municipal du 12 juillet 1957 approuve un avant-projet de reconstruction avec salle de conférence de mille personnes, salles de réunions pour les sociétés culturelles, locaux pour le syndicat d’initiative et les expositions, bureaux, parking, même des logements et un hôtel touristique dans les étages les plus élevés. C’est qu’il faut rentabiliser le projet culturel. Une maquette est réalisée (Le Courrier de l’Ouest, 15 juillet).
Un partenariat public-privé, combinaison audacieuse pour 1958
Le silence retombant, La Tribune angevine revient à la charge en février 1958 en diffusant largement un tract : « Pas de requiem pour le centre culturel, réalisation unique en France qui doit au cœur d’Angers remplacer l’insuffisant et vétuste Grand-Cercle ». Malgré l’urgente nécessité, le prix de la construction et le taux de l’argent en hausse constante, rien n’a été entrepris, souligne l’association. Le projet de 1957 avait été dénoncé par elle, du fait des logements et du complexe hôtelier que la Ville voulait aménager dans les étages supérieurs. Mais au moins, le nouveau Grand-Cercle restait propriété intégrale de la Ville. Et voici que dans sa séance du 27 janvier 1958, le conseil municipal déclare à l’unanimité que « la Ville ne pouvait supporter la charge d’une opération financière onéreuse » et s’en remettait à une société immobilière privée ou à un particulier. L’emplacement du Grand-Cercle sera cédé gratuitement au constructeur qui aura obligation de réaliser une salle des fêtes de mille personnes, des salles de réunions, un local pour le syndicat d’initiative et un hall d’exposition. Il aura toute latitude pour l’édification de logements en complément.
La Tribune angevine fulmine : « La Ville n’a pas d’argent ! Pourquoi alors a-t-elle engagé, contre les avis de personnalités compétentes et raisonnables, 50 millions et peut-être davantage dans une entreprise de tracteurs [Minitrac], qui vivait à l’aise et pour un petit loyer dans un château en Frémur, entouré de remises et de cinq hectares de terrain, pratiques pour les essais de ses appareils et pour la transférer à grands frais à la Chalouère [usine-relais de la Brisepotière] où elle dut bientôt, comme prévu, cesser son exploitation [la nouvelle direction a décentralisé l’entreprise dans une autre ville] ? Et voilà comme on est prodigue des finances de la Ville pour une affaire particulière, alors que l’on est avare pour entreprendre une construction à laquelle tant d’intérêts sont attachés ! »
Au Courrier de l’Ouest qui l’interroge le 20 février 1958, Pierre Brisset répond que l’emplacement du Grand-Cercle doit absolument rester la propriété de la Ville. « Il est inestimable. La municipalité, dit-il, n’hésite pas à dépenser des centaines de millions pour le sport : subvention au SCO, érection de tribunes au stade Bessonneau, création d’un stade municipal sportif. Le football, c’est très joli, mais il faudrait aussi songer aux activités intellectuelles et artistiques. […] Ceux qui, il y a un peu plus de cent ans, avaient conçu le Grand-Cercle, avaient vu grand, il faut bien le reconnaître ; nous, allons-nous voir plus étroit ? Cela fait justement partie de la tâche d’une municipalité de voir grand, d’y aller de l’avant… On a trop vu, dans le passé, comment une politique d’économie avait été peu payante pour la ville. »
Disciple de Le Corbusier
Le 28 février, le conseil municipal précise que la cession gratuite du terrain n’interviendra qu’au moment de la remise en toute propriété des bâtiments devant revenir à la Ville tels qu’ils ont été définis dans la délibération. Un concours d’architecture est lancé, dans un délai très rapproché, fixé au 15 mars. Le 31, Jean Sauvage indique que les projets ont été déposés. Ils seront exposés du 1er au 10 avril dans la salle des fêtes de l’hôtel de ville, mais seuls les conseillers municipaux pourront les examiner. « Étant donné une certaine polémique que nous avons vue se développer concernant ce projet, j’ai tenu, dit-il, à ce que la salle où sont exposés les projets soit fermée ».
À partir du 16 avril, la presse est autorisée à les publier. Le lauréat est André Wogenscky, ancien chef d’atelier de l’architecte Le Corbusier. Son projet est à l’échelle des unités d’habitation du « grand patron ». Construit sur pilotis, il comprend en sous-sol une salle de mille places, au premier étage une salle de huit cents places, au deuxième étage des salles diverses et des bureaux. Les six derniers étages sont occupés par des appartements-villas sur deux niveaux chacun. Au-dessus, un vaste restaurant panoramique servirait de base à un toit-terrasse culminant à plus de 40 m de hauteur, où pourraient être donnés des spectacles de plein air. Les appartements s’inspirent de ceux des cités radieuses de Le Corbusier à Marseille et à Rezé. D’une superficie maximale de 89 m2, ils sont dotés des derniers perfectionnements en matière de confort, comme l’aspiration des odeurs dans les cuisines. Les matériaux sont aussi des plus modernes : aluminium et verre pour une large place. « Cependant nous affirme-t-on, note Le Courrier de l’Ouest, l’ensemble s’insérera harmonieusement dans les lignes de notre actuel boulevard. M. Wogenscky prévoit aussi (nous sommes en Anjou !) l’utilisation de vastes panneaux d’ardoises. »
Classé en deuxième position, le projet des Angevins Laurent Aignoux et Yves Rolland, père de l’architecte Frédéric Rolland, auteur de la rénovation de l’actuel Centre de congrès. Eux aussi voient grand, très grand même, avec un immeuble de douze étages, terminé par une terrasse-jardin. Au rez-de-chaussée, douze magasins au-dessous des salles qui reviendront à la Ville, présentés à la façon des arcades de la rue de Rivoli et surplombés d’une galerie d’exposition avec séparations amovibles. Le syndicat d’initiative aura une place d’honneur sur le boulevard. La salle de spectacle est un véritable théâtre, de 1 004 places, qui pourra se transformer en cinéma. Deux salles de conférence de 160 places chacune sont prévues. L’immeuble aura un aspect très chic avec son revêtement de fines particules de marbre blanc, liées dans un ciment blanc. Sur le boulevard, les balcons-terrasses très importants pourraient être de véritables jardins suspendus, agrémentés de grandes tentes de couleur, donnant à l’ensemble un aspect… Côte-d’Azur !
Lors de la conférence de presse à l’hôtel de ville le 22 avril, tous les projets sont présentés, les trois derniers étant ceux de Gripon et Andrault, Bellanger, Bernadac et Lesné. En résumé, ils offrent tous une même caractéristique : un immeuble tour d’environ 40 m de hauteur sur le boulevard, de 15 m de largeur, prolongé vers les rues Saint-Blaise et Saint-Julien par l’ensemble culturel. Mais le problème n’est pas architectural, il tient à la rentabilité financière. Si un promoteur immobilier s’engage à construire un tel ensemble culturel, il doit pouvoir payer les servitudes par d’autres installations rentables, d’où la présence dans les projets de bureaux, de logements, de magasins. Un hôtel de tourisme est toujours envisageable dans une partie de l’immeuble-tour, indique Jean Sauvage. Quant au montant restant à la charge de la Ville, il s’élèverait à 150-180 millions de francs. La mise en chantier devrait commencer à la fin de 1958. La réalisation est confiée au Comité paritaire interprofessionnel du logement (CIL).
Le 26 septembre 1958, le conseil municipal retient définitivement le projet Wogenscky, avec quelques modifications : salle des fêtes ramenée du sous-sol au rez-de-chaussée et ne faisant pas concurrence au théâtre dans ses dispositions, deux salles de 250 places au-dessus, une grande salle de congrès le long de la rue Saint-Blaise, une terrasse-jardin au-dessus de cet ensemble pouvant servir à une exposition florale, bureaux et salles de réunion au premier étage pour le syndicat d’initiative, grande salle d’exposition sur le boulevard et sur une profondeur de plus de 21 m. Des trois solutions financières proposées par le CIL, ayant toutes pour base la cession gratuite du terrain, le conseil choisit d’autoriser la surélévation de l’immeuble par un ou même deux étages doubles, afin de n’avoir aucune aide financière à lui apporter.
Le Panorama de l’action municipale 1953-1959 publié avant les élections de mars 1959 se réjouit de cette opération : « La Ville d’Angers, qui vient de promouvoir ce qu’aucune ville n’avait encore osé tenter, la création aux moindres frais de ce vaste et ingénieux ensemble d’habitat, et culturel à la fois, qui remplacera cette verrue qu’est devenu le Grand-Cercle, a aussi hélas à se pencher sur des détresses… ». Les travaux doivent commencer incessamment, le 15 mars 1959, note par ailleurs Jean Sauvage dans son rapport d’activité 1953-1959 concernant l’urbanisme.
L’ouvrière de la onzième heure…
Le temps passe et rien ne bouge. Le Grand-Cercle est démoli en janvier 1961, mais son terrain reste désespérément vague, masqué par une affreuse palissade de bois. Le projet de centre culturel et de congrès est au point mort. L’administration s’efforce de gagner du temps en manifestant des exigences nouvelles, comme le dira le conseiller municipal Jean Sauvage au conseil du 21 décembre 1964, pour ne pas avoir à le réaliser ? Gagner du temps pour quoi ? Pas pour des questions financières en tout cas : la convention signée avec le CIL est avantageuse pour la Ville. Les intentions de la nouvelle municipalité élue en 1959, dirigée par Jacques Millot, ne sont pas bien claires. Et voici que l’État présente dans son IVe Plan, le 31 mars 1962, un volet culturel incluant la création d’une vingtaine de maisons de la culture en France. Le 20 juin, un Comité angevin d’action culturelle est créé. Le 29, une délégation du jeune Comité, venue déposer la candidature d’Angers à une maison de la culture, est reçue par André Malraux : « Je fais l’inventaire des mérites et des hommes, dit-il : Angers possède les uns et les autres ». En septembre, le conseil municipal adopte le principe de la création d’une maison de la culture, tout en donnant l’assurance que le projet du Grand-Cercle sera maintenu.
En réalité, c’en est fait de lui. C’est un hôtel de tourisme qui sera construit à son emplacement. Le conseil municipal du 21 décembre 1964 entérine définitivement ces choix : édification de la maison de la culture sur la cale de la Savatte, annulation de la délibération confiant la construction du centre culturel au CIL, vente du terrain du Grand-Cercle à la Société anonyme extension hôtelière et immobilière du Louvre.
Une ténébreuse affaire
Cette décision rencontre la vive opposition de Jean Sauvage. Il accuse l’administration municipale d’avoir usé de procédés dilatoires et l’ancien maire Jacques Millot, décédé en mars 1963, de duplicité :
« Je suis profondément convaincu qu’en abandonnant ce projet le conseil municipal commettrait une grave erreur et une grave faute. […] Je crois de mon devoir de marquer ma surprise que des contacts aient été pris avec des groupements financiers avant toutes décisions du conseil municipal. Ces pourparlers existent depuis 18 mois, si nous nous reportons à la déclaration de M. le Maire du 20 juillet dernier ; aussi, est-il à mon avis surprenant que l’administration municipale ait pu suggérer différents terrains, y compris celui du Grand-Cercle, alors que les déclarations antérieures et plus particulièrement celle de M. le Maire du 24 septembre 1962 ne laissaient supposer aucune transaction du genre de celle qui nous est proposée aujourd’hui. »
Il ajoute que le nouveau projet d’hôtel ne respecte pas les règlements d’urbanisme. Et conclut : « Si le projet du Grand-Cercle ne s’est pas réalisé, c’est qu’il y a eu des exigences successives imposées par l’administration municipale et que, malgré celles-ci, les documents réclamés ont été fournis, mais que vraisemblablement on ne voulait pas voir sa réalisation. On ne nous a jamais donné les raisons profondes de cet abandon, et je le regrette. […] Ce projet avait recueilli l’unanimité des voix alors que le conseil municipal était encore plus fractionné […] puisqu’il y avait des radicaux, des socialistes, des communistes, parce qu’il répondait à des besoins. Vous allez abandonner ce soir ce projet au profit d’un groupement financier capitaliste. Il faut le dire, il faut que ce soit su. […] Je vous demande, pour terminer […] de bien peser la décision que vous allez prendre […] en permettant une opération financière, alors que jadis, dans l’opération CIL, nous savions que le bénéfice éventuel devait permettre le financement de logements pour certaines catégories sociales moins favorisées. »
La délibération est malgré tout adoptée par 20 voix, 5 contre et 9 abstentions. Le lendemain, le maire Jean Turc et le CIL transmettent à la presse un communiqué pour expliquer que la maison de la culture accordée par l’État rendait caduc le projet du Grand-Cercle. Il répondait pourtant à des besoins de salles de réunions pour les groupements angevins et pour les congrès nationaux et internationaux auxquels la maison de la culture prévue cale de la Savatte n’était pas adaptée. Elle n’a d’ailleurs pu répondre à aucun besoin : elle ne vit jamais le jour. Il faut attendre 1978 pour que la nouvelle municipalité dirigée par Jean Monnier prenne ce problème à bras-le-corps. Ainsi est créé en 1983 un centre de congrès, baptisé « Centre de congrès Jean-Monnier » depuis sa rénovation, inaugurée le 3 mai 2019.