Armoiries

Angers porte les armes de ses comtes, puis ducs apanagistes, de sang royal, comme l’indiquent les deux fleurs de lys. La clef évoque la place forte.

Par Sylvain Bertoldi, conservateur en chef des Archives d’Angers

L'origine des armes d'Angers - de gueules à la clef en pal d'argent, au chef d'azur chargé de deux fleurs de lys d'or - paraît remonter à ses comtes apanagistes. Dans un rapport au maire en décembre 1816, le bibliothécaire Toussaint Grille signale qu'il a observé ces armes sur une ancienne monnaie frappée à Angers au coin de Charles Ier de Sicile (1246-1285). Seule différence : les fleurs de lys et la clef sont à la même hauteur et se trouvent sur le même champ. Les deux fleurs de lys sont une allusion évidente à l'apanage royal, tandis que la clef symbolise la place forte face à la Bretagne, alors indépendante et menaçante. Un ancien acrostiche, peint sur une pancarte à la porte Lionnaise lors de l'entrée solennelle de Louis XII le 1er février 1499, ne qualifie-t-il pas ainsi Angers :


"Antique clef de France,
Necteté de souffrance,
Garant contre ennemys,
Estappe d'asseurance,
Recours de secourance,
Seccurité d'amys".

En 1475, Louis XI donne à la nouvelle municipalité le droit d'avoir un grand sceau pour les actes de la ville, un sceau plus petit pour la juridiction et un sceau pour les contrats. Le grand sceau d'Angers appendu à la ratification du traité d'Arras en décembre 1482 (Arch. dép. Nord, B 351) porte les armes déjà mentionnées au XIIIe siècle. Un autre exemplaire figure aux Archives nationales sur un acte de juillet 1506. Il représente un château à trois tours crénelées. Sur celle du milieu se trouve un écu chargé d'une clef en pal, accostée en chef de deux fleurs de lys. Ces armoiries sont utilisées jusqu'à la Révolution sans changement.

Sous l'Empire, pour s'assurer les faveurs de la bourgeoisie, Napoléon Ier reprend une tradition de l'Ancien Régime en instituant des « bonnes villes ». Le décret du 22 juin 1804 en fixe la liste. Dans l'ouest breton et angevin, Rennes, Nantes et Angers en font partie. Ce titre n'assure pas de privilèges fiscaux, mais le décret du 17 mai 1809 leur permet d'avoir livrée et armoiries. En outre, les maires des « bonnes villes », après dix ans d'exercice, sont promus barons de l'Empire.

Le 17 décembre 1809, le conseil municipal, sous la direction de son maire Boreau de la Besnardière, demande donc l'autorisation de reprendre ses armes anciennes, à l'exception des fleurs de lys. Sa Majesté sera suppliée de vouloir bien compléter les armoiries, espérant de sa bonté qu'elle voudra bien lui accorder des pièces de faveur, c'est-à-dire abeilles, aigle et couronne, qui ne peuvent être concédées que du propre mouvement de l'empereur. Par lettres patentes du 29 janvier 1811, Angers reçoit le blason suivant : de gueule à la clef en pal d'argent, au chef cousu des bonnes villes de l'Empire (qui est de gueule à trois abeilles en fasce d'or) et portant pour ornements extérieurs une couronne murale à sept créneaux sommée d'une aigle naissante d'or pour cimier, soutenue d'un caducée de même auquel sont suspendus deux festons servant de lambrequins, l'un à dextre de chêne, l'autre à senestre d'olivier aussi d'or, noués et rattachés par des bandelettes de gueule.

Sous la Restauration, Angers obtient de reprendre ses armoiries d'Ancien Régime (1817). Nouveau changement en 1830 : les deux fleurs de lys sont supprimées et quelquefois remplacées par deux étoiles. Au début de 1870, les fleurs de lys réapparaissent définitivement sur le blason de la ville.

En 1973, l'artiste Sonia Delaunay (Odessa 1885 - Paris 1979) expose à Angers vingt-deux tapisseries aux Greniers Saint-Jean ainsi qu'une collection de lithographies et de photographies au théâtre. C'est peut-être à l'occasion de cette exposition qu'elle a interprété librement les armoiries d'Angers, dans une oeuvre éditée en lithographie.

Armes d'Angers utilisées sur papier à lettre dans les années 1960-1980.