Chronique historique
par Sylvain Bertoldi, conservateur en chef des Archives d'Angers
Vivre à Angers n° 346, octobre 2010
Manifeste architectural, gain de place, liberté : la tour a toujours fait rêver architectes et promoteurs. La première grande tour parisienne domine la rue Croulebarbe de ses 21 étages en 1961. Après 1945, la crise du logement appelait à une densification de l’habitat.
À Angers, la première tour est édifiée en 1954-1955 à Belle-Beille, rue Louis-Boisramé. Le mouvement des squatters angevins, lancé par Christine Brisset, fondatrice des Castors angevins en 1950, a attiré l’attention du ministre de la Reconstruction, Claudius-Petit, un enfant du pays... Une nouvelle cité voit le jour à son initiative, sur le plateau schisteux de Belle-Beille. La première tranche (1953-1955) est confiée à l’Office municipal d’HLM : 679 appartements, répartis en 55 bâtiments dont fait partie la tour carrée de 12 étages, réservée aux petits logements. S’élevant à près de 45 mètres, elle comporte chauffage central, système de vide-ordures automatique et ascenseur, mais celui-ci ne s’arrête que… tous les trois étages.
« La tour réchauffe le coeur de l’homme, car, toujours, il s’est manifesté debout ! », disait l’architecte de cette première tour angevine, un Breton, Yves Moignet, Grand prix de Rome, resté à Angers à cause du projet de Belle-Beille. On lui doit aussi la tour Chaptal - 13 étages au Grand-Pigeon (1960-1961) - et un projet de tour de 32 étages dans le quartier Saint-Samson (1969). Mais Angers préfère l’horizontal et n’a pas eu sa tour de Bretagne, l’un des symboles de sa voisine nantaise.