L'Hôtel d'Anjou, premier hôtel moderne

Chronique historique

par Sylvain Bertoldi, conservateur en chef des Archives d'Angers

Vivre à Angers n° 403, novembre 2016

« Les hôtels pour voyageurs se recommandent par un confortable que l’on trouve rarement en province, écrit l’Indicateur angevin en 1866 à la rubrique « Établissements recommandés à Angers » : Le Cheval-Blanc, les hôtels d’Anjou, de Londres et de l’Europe sont à bon droit signalés aux voyageurs. » Le Cheval-Blanc, rue Saint-Aubin, était alors le plus ancien et le plus prestigieux d’entre eux. Reconstruit en 1855-1856, il a fermé en 1954. Les hôtels de Londres, bâti en 1840 et de l’Europe, dans les années 1850, déployaient leur modernité sur le nouveau quai Ligny, là où débarquaient les passagers des lignes de bateaux à vapeur. Ce trafic définitivement supplanté par le chemin de fer, ils finissent par disparaître. Après l’Hôtel de l’Europe à la fin des années 1880, l’Hôtel de Londres ferme en 1900.

Du quai Ligny au boulevard

L’Hôtel d’Anjou se trouve donc être aujourd’hui le premier hôtel moderne d’Angers encore en activité. Il est, en 1856, la création d’un « maître d’hôtel » avisé, Jacques Leroy, âgé de soixante-six ans, né dans le Calvados. De son mariage à Paris en 1824 avec Marguerite Tamagnon naît en 1826 un premier fils - Pierre - à Angers. Le père est alors cuisinier à l’hôtel de La Besnardière, « maison de santé orthopédique » du docteur Jules-Louis Hossard. Ses témoins sont tailleur d’habits rue Baudrière et limonadier, place Charles-X (place du Ralliement). En 1834, à la naissance de son second fils - Louis Charles - Jacques Leroy est cette fois cafetier, quai Ligny. Lors de la reconstruction du quai, il transforme son établissement en hôtel. Son frère, Jean-Louis Leroy, est également hôtelier.

Après l’arrivée du chemin de fer en 1849, le flux de voyageur commence peu à peu à diminuer quai Ligny. C’est alors que Jacques Leroy signe ce qui apparaît, rétrospectivement, comme un coup de maître : il transfère son établissement à l’angle du boulevard de Saumur et du petit champ de Mars (place Lorraine), à l’emplacement de la maison bâtie par le docteur Grégoire Lachèse. L’endroit n’est pas commerçant, c’est un quartier résidentiel peu bâti d’hôtels particuliers et de grands jardins. Il est cependant très bien situé, à proximité de l’hôtel de ville et relié directement à la gare par le boulevard de Saumur et les toutes nouvelles rues du Haras et des Champs-Saint-Martin (Denis-Papin). Jacques, son épouse et leur deux fils regroupent leur force financière pour acheter en copropriété la demeure Lachèse moyennant 50 000 francs le 11 octobre 1855, puis ’hôtelier s’adresse à Alexandre Richard-Delalande, architecte et « promoteur immobilier » des immeubles du boulevard des Lices (du Roi-René). Ce dernier conçoit en 1856 une belle construction de deux étages sur rez-de-chaussée surélevé, terminée par une toiture rythmée de lucarnes, évoquant la silhouette d’un château néogothique.

Les voitures accèdent à l’hôtel par un vaste passage cocher sur le boulevard, déposent les voyageurs dans la cour et ressortent par un autre passage cocher sur le petit champ de Mars. Cette disposition, qui coupe en deux les espaces de réception, sera corrigée en 1913 par la transformation en réception du passage donnant sur le boulevard. De quels soutiens financiers a bénéficié le promoteur de ce bel établissement de 82 portes et fenêtres ? La levée de fonds a dû être importante, et l’on se demande comment un hôtelier assez ordinaire et ses deux fils ont pu faire élever une telle construction, dont le revenu est évalué à 3 000 francs par le cadastre lors de la première année d’imposition en 1857. Les Leroy travaillaient en famille, mais les enfants étaient encore bien jeunes en 1855 – respectivement 29 et 21 ans – pour participer de façon importante à l’apport financier. Le contrat de mariage de Charles Leroy, en 1863, donne un aperçu elliptique de la situation de fortune du couple : aucune estimation des vêtements et objets personnels du futur époux ; pas d’évaluation non plus de ses droits indivis avec ses parents et son frère dans la propriété de l’Hôtel d’Anjou, clientèle et achalandage ; 1 200 francs d’apport en deniers comptants. C'est sans doute que ses économies avaient été investies dans l'achat de 1855 et peut-être dans la construction de 1856. De son côté, sa future épouse, Amélie Bassereau, est dotée d’un trousseau modeste évalué à 4 000 francs.

« Assurés d’avance du succès »

Le journal L’Union de l’Ouest du 18 avril 1857 signale l’inauguration de l’hôtel, le dimanche 12 avril : « Dimanche dernier a eu lieu l’inauguration du vaste Hôtel d’Anjou, situé sur le boulevart [sic] du Champ-de-Mars. Ce bel édifice construit en moins d’un an fait honneur à l’architecte M. Richard-Delalande et aux ouvriers qui l’ont si habilement secondé : tels que M. Dubreuil entrepreneur, Legros menuisier, Dubois plâtrier, Bodin sculpteur, Roquet employé principal de M. Richard, Derouineau, Jubeau-Royné, etc.
Autrefois, il suffisait au voyageur de trouver dans un hôtel bonne table, bon feu et bon lit, quant au confort, et pour le luxe, cela lui était indifférent. Aujourd’hui tout est changé. On tient aux meubles somptueux, on veut avoir dans un hôtel souvent beaucoup mieux qu’on ne rencontrerait chez soi, et nous pouvons dire que l’hôtel Leroy ne laisse rien à désirer sous tous les rapports. Les propriétaires depuis longtemps ont su conquérir l’estime de tout le monde. L’heureuse position de cet établissement est très propre à attirer le voyageur, et nous sommes assurés d’avance du succès que cette nouvelle maison obtiendra parmi les nombreux visiteurs qui chaque jour traversent notre ville. »

Très vite en effet, l’hôtel devient l’une des meilleures adresses d’Angers. En 1864, le « sieur Leroy, propriétaire de l’Hôtel d’Anjou » est autorisé par la Ville à mettre en circulation « une voiture en forme d’omnibus, montée sur quatre roues, contenant six places et destinée à transporter les voyageurs de la gare du chemin de fer à son hôtel et réciproquement et de son hôtel sur les autres points où ils voudraient se rendre, tels que les bateaux à vapeur, les lieux de station des voitures publiques, les environs d’Angers… ».

Jacques Leroy décède le 5 mars 1865 dans son domicile de la rue de l’Hôpital (David-d’Angers), en face de son hôtel. Son fils Charles prend sa suite, sans doute en association avec son frère Pierre. Alors que ce dernier était employé à la Recette générale de Maine-et-Loire lors du mariage de Charles en 1863, il est déclaré « maître d’hôtel » boulevard de Saumur en 1865, au décès de son père. Les personnalités en visite à Angers se partagent entre l’Hôtel du Cheval-Blanc et l’Hôtel d’Anjou. L’architecte parisien Charpentier, spécialiste des théâtres, y séjourne en décembre 1865, appelé par la Ville comme conseiller pour la reconstruction du théâtre de la place du Ralliement. L’un des emplacements envisagés pour le nouveau bâtiment est précisément le petit champ de Mars. Voilà qui aurait fait de l’ombre à l’Hôtel d’Anjou ! Le théâtre reste finalement au Ralliement. Nouvelle alerte en 1886. L’un des dix projets de reconstruction de l’hôtel des postes concerne les 848 m2 de superficie de la parcelle de l’Hôtel d’Anjou… Ce projet n’aboutit pas, l’hôtel des postes reste pour cinquante ans encore… place du Ralliement.

La cuisine de l’Hôtel d’Anjou est appréciée. Le 23 octobre 1880, l’hôtel sert à la préfecture le grand dîner donné aux autorités civiles et militaires à l’occasion des fêtes en l’honneur de David d’Angers. Au menu plantureux figurent riz Crécy, bouchées à la Montglas, turbot sauce hollandaise, quartier de chevreuil chasseur, filet de bœuf jardinière, perdreaux à la Périgueux, dindonneaux rôtis, croûte aux champignons, salades, écrevisses, bombe pralinée, nougat, fruits glacés et dessert. De très nombreuses sociétés angevines choisissent l’hôtel pour donner leurs dîners annuels, leurs fêtes et remises de prix.

Un café, annexe de l’hôtel

L’hôtel possède un café, le Café du Sport, ouvert sur la place Lorraine, à gauche du passage cocher, qui devient le siège de plusieurs associations : Véloce-Club d’Angers, société colombophile Le Messager angevin, L’Alerte… La salle en est refaite à neuf par l’architecte angevin Jules Séjourné en 1883-1884 et ouvre provisoirement à l’occasion des fêtes vélocipédiques des 22 et 25 mai 1884. Le Journal de Maine-et-Loire note le 31 mai : « Nous savons que prochainement l’un de nos peintres angevins les plus estimés, dont les œuvres ont été fort goûtées au salon de cette année, complétera la décoration du café par l’envoi de quatre toiles, dont les connaisseurs font le plus grand éloge. » Le nom de cet artiste reste à découvrir. Une annonce du 4 juin dans le même journal fait mention de l’ouverture officielle et précise l’enseigne : « Café du Sport vélocipédique ». C’est là que passent les coureurs du premier du Tour de France, le 18 juillet 1903, pour le contrôle fixe au 89e km de la 6e étape, Nantes-Paris. L’organisation est dirigée par Louis Cointreau, correspondant du journal L’Auto, créateur de l’épreuve, entouré des membres de l’Auto-Véloce club, du Vélo-Doutre angevin et de l’Union cycliste des Ponts-de-Cé. Le groupe de tête arrive à 23 h 07, met pied à terre pour signer et repart trois ou quatre minutes plus tard. L’Angevin René Salais est acclamé vigoureusement.

Une publicité parue dans le programme de la Mi-Carême 1906 qualifie l’hôtel « d’établissement de premier ordre, situé au centre de la ville et des promenades, touchant l’exposition, spécialement fréquenté par les familles et les touristes. » Et le guide de la grande exposition angevine de 1906 indique « Confort moderne, électricité, téléphone, garage, cabinets hygiéniques, cabinet noir ». Depuis le 1er avril 1903, le fonds de commerce de l’Hôtel d’Anjou a été vendu par Louis-Charles Leroy et son épouse Amélie Bassereau aux Rannou-Dumortier. Louis-Charles Leroy décède en mars 1906 et son épouse en août 1909. L’immeuble est transmis à la nièce de celle-ci, Mme Séverac et à son neveu Nazaire Charles Laurent.

En 1909, Hervé Rannou supprime le Café du Sport au profit d’une grande salle des fêtes qui pourra contenir deux cents couverts et « tous les services de l’hôtel sont développés dans la même proportion » (Le Pays bleu, 28 mars 1909). Une  carte postale atteste de la transformation, sans doute mise en service en 1910. Une publicité du 6 mars de cette même année parue dans le Petit Courrier indique « Nouvelle grande salle, installation moderne pour noces, bals et festins ». D’après une autre publicité, dans l’ouvrage du Syndicat d’initiative Au Pays d’Anjou, Marie Dumortier, veuve, reste seule à la direction en 1911. Il en coûte alors 3 francs pour une chambre à un lit. L’hôtel offre toujours la possibilité d’un garage gratuit dans sa cour.

Les ambitions de Gabriel Crétaux

L’année 1913 voit de grands changements. Entre juillet et octobre 1912, Marie Dumortier cède le fonds de commerce pour 75 000 francs. Un bail annuel des locaux pour 15 000 francs est consenti par les Séverac et les Laurent, de même qu'une promesse de vente de l’immeuble pour une durée de dix ans, au prix de 300 000 francs. C’est un hôtelier nantais, homme d’affaires demeurant place Graslin, Gabriel Crétaux, qui reprend l’exploitation de l’Hôtel d’Anjou, avec un autre hôtelier nantais, Ferdinand Gasnier. Ils ne sont pas seuls et ont de grandes ambitions : réaménagement de l’hôtel ; acquisition d’autres immeubles qui pourraient lui être utiles ; exploitation d’autres hôtels ; annexion à leurs affaires d’établissements qui pourraient concourir à leur développement comme magasins d’alimentation, laiterie, blanchisseries, services de transport et de publicité et même participation à des opérations commerciales, industrielles, immobilières et financières. Tels sont les objectifs de la société que Crétaux et Gasnier fondent le 24 décembre 1912 sous le nom de Société des grands hôtels de la vallée de la Loire. Le capital social est fixé à 300 000 francs, prix de l’immeuble angevin, divisé en 3 000 actions de 100 francs dont 400 sont attribuées aux fondateurs. Les 2 600 autres sont souscrites par 85 personnes. Le premier conseil d’administration, présidé par le comte Arthur Espivent de La Villeboisnet, demeurant à Nantes, comprend, outre les deux fondateurs, un négociant nantais, Arsène Noël ainsi que Hyacinthe Brunet et Émile Laroche, d’Angers. Hyacinthe Brunet est administrateur de la société Cointreau et son directeur. Louis Cointreau remplace Émile Laroche quelques années plus tard.

Les associés ne tardent pas à mettre en œuvre leur programme. D’importants travaux de modernisation sont entrepris sous la direction de l’architecte angevin Gustave Gasnier. Les plans sont datés des 23-28 janvier 1913 : le niveau de comble devient un troisième étage couvert d’une terrasse. À l’arrière de la terrasse, quelques chambres de domestiques et la cage de l’ascenseur forment un 4e étage. Il est probable que l’ascenseur ait été installé lors de ces travaux. Le passage cocher donnant sur le boulevard est supprimé, au profit de l’actuelle réception. Il est très plausible – c’est une hypothèse que l’on peut émettre à défaut d’archives – que ce soit à cette date qu’apparaissent dans le décor de la salle à manger le roi François Ier et sa fameuse salamandre. Ces éléments décoratifs sont absents de la carte postale éditée vers 1910, du temps d’Hervé Rannou. Gabriel Crétaux n’a-t-il pas voulu ainsi illustrer le nom de sa société « des grands hôtels de la vallée de la Loire » ? Une frise peinte, où alternent les emblèmes de François Ier et de son épouse Claude de France, mais aussi de Louis XII et d’Anne de Bretagne, court même sous les poutres du plafond à la française : salamandre, cygne, porc-épic, hermine. La salamandre figure aussi en tête des actions émises par sa société. C’est elle qui va donner son nom au restaurant. Ce décor est mis en valeur dans les publicités au moins dès 1938 : « Hôtel d’Anjou. The Heraldic Hôtel, dans un cadre médiéval charmant » (Anjou, verger fleuri de la France, guide officiel du Syndicat d’initiative de l’Anjou, 1938, p. 62).

Alors que la Société des grands hôtels de la vallée de la Loire est devenue propriétaire de l’hôtel en 1919, Gabriel Crétaux décide en 1926 d’agrandir la salle des fêtes. Son architecte est Roger Jusserand, déjà en cheville avec lui pour la construction d’un grand immeuble à l’angle de la rue d’Alsace et du boulevard : la future Maison bleue. Crétaux poursuit en effet ses ambitions de promoteur immobilier, déjà inscrites dans les statuts de la première société de 1912. Il en constitue une seconde en janvier 1927, la Société immobilière du boulevard, et se prend à rêver d’édifier d’autres immeubles pour accompagner la Maison bleue. Mais seule cette dernière est réalisée, en 1927-1928.

Un chef-d’oeuvre d’Odorico

À l’Hôtel d’Anjou, Roger Jusserand n’a pas de mal à convaincre Crétaux qu’un agrandissement de la salle existante n’est pas suffisant : il faut profiter des travaux pour refaire l’ancienne salle en harmonie avec la nouvelle (lettres à Crétaux, 27-30 août 1926, citées par Sevak Sarkissian, La Maison bleue, 2002, p. 21). L’architecte fait appel aux grands mosaïstes Isidore et Vincent Odorico pour créer un espace entièrement harmonisé par un chatoyant décor de mosaïques à dominante bleue et or. Le talent d’Isidore Odorico, formé à l’école des beaux-arts de Rennes, en fait un véritable manifeste Art déco, préfigurant le chef-d’œuvre de la Maison bleue. Toutefois, certaines critiques n’ont pas manqué, contre lesquelles Jusserand s’élève dans une correspondance à Gabriel Crétaux, le 27 août 1926 : « Votre salle est très Arts décoratifs et nullement criarde, au contraire, très douce comme colori[s] » (Arch. dép. Maine-et-Loire, 141 J 34).

L’hôtel continue donc brillamment sa carrière. Curnonsky et Marcel Rouff n’omettent pas de le citer dans le volume de leur France gastronomique consacré à l’Anjou : « L’Hôtel d’Anjou est assurément le mieux situé d’Angers, devant le Mail, sur un large boulevard. L’accueil y est charmant et les chambres confortables. Hôtel de passage et d’automobilistes, il ne cherche nullement à rivaliser pour la cuisine avec le Cheval-Blanc. Cependant, on nous y a servi un dîner angevin commandé du plus grand agrément. Le potage, le brochet beurre blanc, les gogues, le boudin blanc, le rôti avec salade, la bombe glacée. Et le propriétaire, l’aimable M. Crétaux, nous avait sorti de sa cave une fort bonne bouteille de vin du Layon. » Dans L’Art d’être gourmand, de Gaston Derys, paru en 1929, Curnonsky publie la recette du beurre blanc d’Anjou, en spécifiant : « La recette que je t’envoie est de M. Crétaux, patron de l’Hôtel d’Anjou ». Le 6 janvier 1924, Louis Cointreau donne tout naturellement à l’hôtel son banquet de promotion dans l’ordre de la Légion d’honneur. Un grand nombre de manifestations angevines y trouvent leur lieu d’élection : réunions de l’académie mondaine de danse de G. Sar, bals Letournel, matinées dansantes des étudiants, bal des Beaux-Arts, fêtes des amicales d’anciens élèves des établissements d’enseignement, ventes de charité, congrès, expositions de peinture… Le premier salon angevin de la radio-télévision s’y déroule en octobre 1966. La liste d’Auguste Chupin y tient sa permanence aux élections municipales de mars 1977.

Livres d’or

Les grands moments ne manquent pas. De nombreuses personnalités choisissent l’hôtel lors de leur séjour angevin. L’état-major du Tour de France y loge lors des étapes angevines de l’épreuve, comme en 1950 ou en 1963. Les artistes du Festival d’Angers investissent chaque année l’hôtel – et deux ou trois autres - pendant six à huit semaines. L’hôtel conserve son livre d’or ouvert en 1937. Il est riche de noms connus. Vers 1937, Ray Ventura y dessine sur une portée les premières notes de l’air connu « Tout va très bien », assorties d’un mot élogieux : « puisque nous sommes à l’Hôtel d’Anjou qui est de loin le plus sympathique hôtel de la région ». Les pages suivantes portent les signatures de Cécile Sorel, Raoul Dufy, Marthe Richard, Maria Casarès, Luis Mariano, Maurice Chevalier (1955),  Roberto Benzi, Jean-Louis Barrault, Hervé Bazin, Annie Cordy... jusqu’à Michael Lonsdale, Barbara Hendricks et Michel Bouquet en 2016. Béatrice Dalle n’hésite pas à écrire, le 8 février 2016 : « Que le diable vous protège... ».

Un autre livre d’or, pour 1980-1985, vendu aux enchères à Saint-Brieuc en mai 2015, comportait plus de cent vingt autographes de célébrités réunis par le chef Jean-Pierre Gousset : Raymond Devos, Patrick Sébastien, le mime Marceau, Alice Sapritch, Johnny Halliday, Micheline Dax, Louis de Funès, Léo Ferré, Guy Bedos, Michel Sardou, Michel Galabru…

En 1964, suivant les critères très sévères du Guide Michelin, il n’y a pas d’hôtel de luxe à Angers. L’Hôtel d’Anjou – 56 chambres - est classé très confortable. Les trois suivants sont dits « hôtels de bon confort » : la Boule-d’Or boulevard Carnot, le Royal-Hôtel place de la Visitation et l’Hôtel de France place de la Gare.

Des travaux importants ont remis au jour en 1996 les mosaïques d’Odorico, qui avaient été masquées depuis quelques dizaines d’années par des cloisons, l’Art déco étant passé de mode. C’est une révélation. La salle des fêtes ressuscitée abrite dès lors de nombreux séminaires, dîners ou expositions. C’est certainement l’espace le plus original d’Angers.

Je remercie le groupe de travail « Commerces angevins » réuni autour de Sylvette Robson pour sa contribution documentaire à cet article.