1907 - Hôtel de France

Construction de l'hôtel de France, place de la Gare à Angers. 1907.
Photographie noir et blanc, 15 x 10.
Arch. mun. Angers, collection Brisset, 9 Fi 6 763.

Le 31 octobre 1893, Pierre-Auguste Bouyer et son épouse achètent pour 30 000 francs à Augustine Berthault, maîtresse d'hôtel, le fonds de commerce de l'hôtel de France, au 20 rue Denis-Papin (aujourd'hui hôtel d'Orléans). Cet hôtel de seize chambres avait été créé en 1868 par un certain Normand face à la gare Saint-Laud, inaugurée en 1849, alors que les plus importants hôtels d'Angers, tributaires d'un trafic surtout maritime, étaient installés sur les quais. L'arrivée du chemin de fer draine de plus en plus de voyageurs de sorte qu'en 1893 le quartier de la gare compte quatre hôtels : l'hôtel de la Gare et l'hôtel des Voyageurs (place de la Gare), l'hôtel d'Angleterre place de la Visitation et l'hôtel de France rue Denis-Papin.

 La démolition de la caserne de la Visitation en 1904 libère de vastes terrains dont le lotissement donne naissance à plusieurs rues nouvelles, entre les rues d'Iéna et de la Gare. L'hôtel des Voyageurs (aujourd'hui hôtel de l'Univers) en profite pour s'agrandir. La grande épicerie Pelé installe une succursale dans la rue de la Gare élargie. Toute cette activité, l'augmentation du trafic ferroviaire, la nouvelle gare du Petit-Anjou, favorisent les affaires. Sur l'un des terrains de l'ancienne caserne, donnant place de la Gare, l'entrepreneur en menuiserie Jules-Louis Vaidie a l'idée de faire construire un imposant immeuble en 1907. Le bâtiment est élevé en deux campagnes de travaux, comme le montre la photographie : la partie gauche date de 1907 (millésime inscrit dans le cartouche placé sur la façade de la rue Denis-Papin), tandis que le corps central et la partie droite sont bâtis entre 1910 et 1912.

 En 1908, Pierre-Auguste Bouyer loue la nouvelle construction pour y transférer son hôtel. L'immeuble reste propriété des Vaidie jusqu'à son achat par la famille Bouyer en 1964. L'architecte de ce splendide bâtiment est Henri Palausi, ancien élève de l'École des Beaux-Arts de Paris, candidat malheureux à la direction de l'École des Beaux-Arts d'Angers en 1911. C'est un de ses premiers chantiers et c'est un coup de maître. La façade est richement sculptée d'un décor profus, en partie simplifié lors du ravalement effectué entre 1939 et 1943. Le nouvel hôtel est doté de tout le confort moderne pour ses cinquante-cinq chambres : électricité, téléphone, ascenseur. Seul le Grand Hôtel, place du Ralliement, possédait également un ascenseur. Un bar et un restaurant sont ouverts au rez-de-chaussée. Le garage est à proximité. Une vingtaine d'employés travaillent à l'hôtel, valets de chambre, caissière, cuisinier. En 1914, l'hôtel de France s'est fait une place de choix, intermédiaire entre les hôtels de grand luxe (Grand Hôtel, hôtel d'Anjou) et les hôtels d'un confort simple. Une réclame des années trente le recommande particulièrement aux familles et au clergé.

Bibl. BERTOLDI (Sylvain), "L'hôtel de France a cent ans", Vivre à Angers, février et mars 1993.