Trésors d'archives
Exposition virtuelle de quelques belles pièces d'archives
Trois atlas papier, encre et lavis, 68,5 x 55,5. 1839-1844.
Arch. mun. Angers, 1 Fi 1567-1569.
- 1er volume : tableau alphabétique des rues, plan d'ensemble de la ville à l'échelle de 0,0005/m (12 feuilles), État des rues, places, quais, ruelles, impasses dressé conformément à l'instruction ministérielle du 2 octobre 1815, indiquant le numéro des parcelles, la nature des constructions et le nom des propriétaires.
- 2e et 3e volumes : plans par quartier, 0,0005/m (61 feuilles).
Il manqua longtemps à la ville d'Angers un plan précis, dressé à petite échelle, pour ses travaux d'urbanisme. Le plan de Moithey, publié en 1776 d'après les relevés du géomètre Jean-Baptiste Dubois, ne pouvait faire l'affaire. Aussi les échevins projettent-ils en août 1784 de faire lever un plan géométrique afin d'y fixer les alignements de voirie. En juin 1789, le projet n'ayant point avancé, les négociants et manufacturiers François Coullion de la Douve et Joseph-François Joubert-Bonnaire (futur maire) réclament un plan général de la ville.
Ce plan d'alignement est réalisé pendant la Révolution, par Miet. Il est renouvelé par l'ingénieur-architecte de la ville, Demarie, en 1806. Les délibérations du conseil municipal portent toutefois en 1810 que le grand plan de la ville ne remplit point le but qu'on se proposoit, ne contenant point de détail de maisons et de propriétés, nécessaire pour résoudre les pétitions relatives à la voirie. On projette de s'adresser au directeur du cadastre - le premier relevé cadastral d'Angers se termine - pour faire dresser ce plan des alignements, exigé par la loi du 27 juillet 1808. C'est finalement l'ingénieur Demarie qui exécute le nouveau plan en 1813, approuvé par ordonnance royale en 1817. L'architecte-voyer Lenoir y ajoute le plan des faubourgs, en 1820. L'architecte François Lecoy dresse un nouveau plan en 1832, mais celui-ci ne comporte pas le détail des maisons.
Le 20 juin 1834, le maire propose de remplacer les plans actuels de la ville par de nouveaux plans mieux entendus et plus exacts, entièrement dressés cette fois suivant l'instruction ministérielle du 2 octobre 1815 et d'après le cahier des charges qui sera rédigé par l'architecte-voyer Émile Boutrouë. Ils permettront de tracer les nouveaux alignements projetés. Ce travail est adjugé le 10 juillet 1835 à Théophile Tardif-Desvaux, ingénieur-géomètre aux Ponts-et-Chaussées, marié à Joséphine Desvaux, fille du directeur du jardin des Plantes. Membre de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts, puis de la Société industrielle, c'était un homme averti. Voyant chaque jour le vieil Angers disparaître, il le fixe en 1843 dans un ouvrage, Angers pittoresque. En 1851, il donne une Relation de la catastrophe du pont de la Basse-Chaîne .
Le nouveau plan est achevé en 1838. Tardif remet deux cent deux feuilles de plans de rues pour servir de base à la discussion des tracés définitifs et trois atlas, vérifiés de juin à septembre 1839. Aussitôt il en donne une version pour le grand public, sous le nom d'Angers pittoresque, publiée à Nantes et à Angers. Le plan, accompagné de vues de monuments et dans un encadrement romantique, ne comprend pas les faubourgs. Après longue étude par le conseil municipal, les alignements définitifs sont arrêtés le 21 janvier 1843, puis approuvés par ordonnance royale le 23 juin 1845. Le 4 juin 1844, Boutrouë avait donné définitivement satisfecit à Tardif-Desvaux. Les grands travaux d'urbanisme pouvaient commencer.