Trésors d'archives
Exposition virtuelle de quelques belles pièces d'archives
Les comptes de l'hôtel de ville renferment pour la seconde moitié du XVIIe siècle et le siècle suivant une belle série de menus commandés par le maire pour la fête du Sacre (la Fête-Dieu), les élections au corps de ville ou pour recevoir des hôtes illustres, tel le roi détrôné d'Angleterre, Jacques II Stuart en 1691. Ces menus ne sont pas soigneusement calligraphiés, sauf exception, puisqu'il s'agit des mémoires détaillés remis par les traiteurs.
Les dîners (nos déjeuners actuels) du Sacre et des élections reviennent régulièrement chaque année. En effet, tous les premiers mai, a lieu l'élection des nouveaux membres du corps de ville. Le maire est élu pour deux ans et rééligible. L'élection faite, il reçoit les attributs de sa charge : les clefs de la ville et les sceaux. Une paire de gants blancs et un bouquet de violettes lui sont offerts. Il prête alors serment de fidélité au roi, puis se rend à l'abbaye Saint-Serge baiser l'anneau de saint Brieuc, chez le gouverneur au château, à l'évêché et à l'abbaye du Ronceray, où il doit offrir un bouquet de violettes à l'abbesse. Ces visites accomplies, le maire, les échevins et les conseillers dînent à l'hôtel de ville.
Les menus paraissent véritablement pantagruéliques, mais il ne faut pas oublier qu'à cette époque le service "à la française" présidait aux repas : tous les plats d'un même service étaient présentés en même temps sur la table suivant une ordonnance symétrique. Les convives ne goûtaient pas à tout. Plus le nombre de convives augmentait, plus on augmentait le nombre et la variété des plats. Le volume de chacun d'eux en revanche n'était pas modifié. Ces repas étaient assez dispendieux. Celui que donne René Romain pour sa réélection comme maire en 1745, servi à une vingtaine de personnes, a coûté 557 livres 11 sols (que l'on peut estimer à environ 28 000 francs actuels). On y retrouve beaucoup de viandes, de volailles et de poissons. Les poulardes farcies, les tourtes de pigeons, les aloyaux de boeuf à la Godarde étaient particulièrement appréciés.
Bibliographie : MAILLARD (Jacques), Le pouvoir municipal à Angers de 1657 à 1789, Angers, Presses de l'université d'Angers, 1984, tome I, p. 101-104 (cérémonial de l'élection des membres du corps de ville), tome II, annexe, document 2 (publication du repas du 1er mai 1748).