Trésors d'archives
Exposition virtuelle de quelques belles pièces d'archives
Au début de la IIIe République, à la faveur du développement de l'horticulture, une nouvelle fête s'impose dans les programmes festifs déjà très fournis et en devient bientôt l'un des thèmes obligés : la fête des Fleurs. Les cartes postales de la Belle-Époque traduisent cet engouement général pour les chars fleuris. Les nombreuses réjouissances au programme chaque année n'avaient pas pour seul but l'amusement des foules. Ils servaient aussi de support à une politique de bienfaisance, spécialement animée à Angers par le docteur Auguste Bichon. Un droit des pauvres était levé à chaque fête, des quêtes organisées en faveur du bureau de bienfaisance.
Chaque année, la Doutre (le quartier outre-Maine, rive droite, très individualisé par rapport à "la ville", rive gauche) organisait une grande fête de charité, qui pouvait prendre la forme d'une cavalcade à travers la ville ou d'une grande fête foraine. La fête de 1894, dite fête des Fleurs, est sans précédent par le nombre de ses attractions. Préparée six mois à l'avance par un comité placé sous la présidence du docteur Bichon, conseiller municipal du quartier, elle est installée place La Rochefoucauld, endroit habituel des fêtes de la Doutre. Les fleurs tiennent une place modeste dans le programme initial. C'est le journal le Patriote de l'Ouest qui lance l'idée, cinq jours avant l'ouverture des festivités, d'une bataille de fleurs : Étant donné que la fête de la Doutre est appelée fête des Fleurs, il faut, nécessairement, que la flore angevine ait une place d'honneur parmi les multiples attractions. Pourquoi n'aurait-on pas, le dernier jour, une bataille de fleurs, motivée par un défilé de voitures enguirlandées…? Les principales attractions sont sportives et musicales. Le comité d'organisation n'a rien négligé pour leur donner un éclat particulier : courses de taureaux hispano-landaises ; festival de musique ; exercices de gymnastique par les Sociétés d'Angers, de Beaufort et de Nantes ; danses tziganes russes ; évolution d'un cycliste aérien sur un câble d'acier à douze mètres de hauteur ; démonstration du phonographe Édison… Après Paris et Lyon, Angers s'attache les services d'un des plus habiles aéronautes du moment, Pillas-Panis, pour une série d'ascensions en ballon captif.
L'assassinat du président de la République Sadi Carnot à Lyon, le 24 juin 1894, jette à peine un trouble sur la fête, qui fait relâche le lendemain et le jour des obsèques nationales. La bataille de fleurs est reportée le 5 juillet et la fête de clôture, le dimanche 8 juillet. Un homme avisé en profite pour installer une petite tente où le président est représenté sur son lit de mort. Malgré le deuil de trente jours prévu pour les fonctionnaires publics, le préfet honore la fête de sa présence. Le succès de la manifestation est tel que l'exposition nationale de 1895 s'inspire de son organisation.