Trésors d'archives
Exposition virtuelle de quelques belles pièces d'archives
Le développement de l'enseignement primaire est l'oeuvre de la municipalité républicaine d'Alexis Maillé (1871-1874). Cependant, à la fin du Second Empire, en écho à l'action nationale entreprise par Victor Duruy, le maire René Montrieux avait tracé les premières lignes d'une politique scolaire. En 1866, la ville acceptait de prendre en charge les écoles d'enseignement mutuel créées par des particuliers sous la Restauration : l'école des Cordeliers (actuel groupe scolaire Joseph-Cussonneau) et celle du boulevard de Laval (André-Moine) sont les premières écoles communales d'Angers. En même temps, la ville ouvrait des salles d'asile (futures écoles maternelles) et une nouvelle école à Saint-Léonard. Le dernier budget préparé par Montrieux (1871) prévoyait une dépense de 36 000 francs pour l'enseignement primaire et 125 000 francs pour les bâtiments scolaires.
La nouvelle municipalité Maillé décide de mettre en sommeil les grands travaux d'urbanisme du centre ville pour faire de l'enseignement sa priorité. Le 27 septembre 1871, le rapporteur de la commission des écoles expose le programme à accomplir : l'instruction primaire gratuite a été traitée [jusqu'ici]… comme une question secondaire, lorsque, pour tout citoyen français qui voit l'avenir et rêve la prospérité et la gloire de son pays, elle est la première entre toutes. Angers doit avoir neuf écoles communales de garçons et neuf de filles. Il y en a quatre de garçons (Cordeliers, Laval, Saint-Léonard, Saint-Michel) et trois de filles (Cordeliers, Laval, Saint-Léonard). Il faut donc ouvrir onze écoles.
La tâche est aussitôt entreprise. Le budget des constructions est porté à 210 000 francs. Une nouvelle école est prévue au centre ville, rue des Poêliers prolongée - dénommée rue Bodinier le 16 décembre 1872 - pour décharger l'école des Cordeliers. Les plans de l'architecte de la ville sont approuvés en conseil municipal, ce même 16 décembre. Placé au centre ville, le bâtiment doit être soigné. Aussi l'architecte dessine-t-il une façade monumentale de prestige, très architecturée, longue de 40 mètres. L'école pourra accueillir environ 360 élèves (garçons et filles) au rez-de-chaussée, dans quatre classes d'environ 90 élèves chacune. Ces vastes salles sont un souvenir de l'enseignement mutuel. Il faudra rapidement les cloisonner pour les adapter à la nouvelle pédagogie. Cours et préaux sont situés à l'arrière, de même que les caves et le fourneau économique, sans soleil et sans issue.
Au premier étage, une grande salle de réunion de 314 m2 pouvant contenir 800 personnes, largement éclairée par sept baies cintrées, servira pour conférences, expositions, concerts, sans lien obligatoire avec des activités scolaires. On l'envisageait comme une salle de quartier. Les logements des enseignants, non figurés sur cette coupe longitudinale, sont aménagés au second étage. La dépense de cet important établissement est fixée à 105 537,70 francs. Prestement élevé, il entre en service à la rentrée de 1873. En 1875, 134 garçons et 165 filles y sont inscrits. Devant l'accroissement du nombre des élèves, la grande salle de l'étage est convertie en nouvelles salles de classes pour la rentrée 1880. L'évolution des effectifs en sens inverse à l'époque contemporaine (transfert progressif de la population du centre de la ville vers la périphérie) conduit à la fermeture de l'école Bodinier en juin 1975. C'est aujourd'hui le siège du Centre national de danse contemporaine.
Bibliographie : BUCHER (Henri), Une aventure, installer des écoles pour tous depuis la Révolution à Angers, Angers, Impr. Paquereau Ed., 1993, 386 p.