Trésors d'archives
Exposition virtuelle de quelques belles pièces d'archives
La Révolution, un entretien hâtif effectué au cours de la première moitié du siècle, avaient laissé l'abbatiale Saint-Serge, l'un des monuments les plus intéressants d'Angers selon Mérimée (Voyage dans l'Ouest, 1836), dans l'état le plus affligeant. En 1852, la municipalité nomme deux commissions pour étudier sa restauration, dont l'une composée de cinq architectes de la ville. En 1853, le directeur des Beaux-Arts envoie l'architecte Joly-Leterme qui établit un devis de 60 000 francs. Les travaux sont engagés en 1855-1858 : restauration du transept sud avec reprise de ses fondations, débadigeonnage, remise en état du choeur… A cette occasion, un grand nombre des sculptures sont reprises ou entièrement refaites par le sculpteur angevin Chapeau. La démolition du porche ruiné en façade et le rétablissement de la flèche du clocher, supprimée en 1793 après le siège d'Angers par les Vendéens, ne sont pas exécutés.
Aussi le curé se plaint-il de l'interruption des travaux. Un nouveau devis de restauration est dressé par Paul Boeswillwald, fils du célèbre inspecteur des monuments historiques Émile Boeswillwald. Lui-même est en 1879 architecte de la cité de Carcassonne, avant d'être professeur à l'École des Beaux-Arts, puis inspecteur général comme son père. Son devis pour Saint-Serge se monte à 82 225 francs : restauration du transept nord, de la façade principale, d'une partie de la charpente, surélévation du clocher et construction d'une flèche en bois. La première partie des travaux est exécutée immédiatement. Le porche ruiné est démoli en juillet 1876, la façade entièrement reprise.
Probablement peu satisfait du premier projet de flèche en bois, le conseil de fabrique fait établir en avril 1879 par Paul Boeswillwald un projet plus riche s'élevant à 125 636 francs, reproduit ici. Cette fois la flèche octogonale est prévue en pierre. Huit baies couronnées de petits pignons terminés par des pinacles ajourent sa base, en retrait sur la terrasse du clocher et épaulée par de petits arcs-boutants. La surélévation du clocher (étage du beffroi des cloches) est elle-même plus ornée. Las ! Les membres de la fabrique auraient dû se rappeler la fable de grenouille… Le projet est présenté au conseil municipal le 3 octobre 1879. On charge une commission d'étudier la question, en la liant au dégagement de l'église sur son flanc nord. Celui-ci aboutit peu après, mais du clocher, on ne reparla pas. Les fonds ne purent jamais être réunis. Le clocher est resté sans flèche.
Bibliographie : DENAIS (Joseph), Histoire et description de la cathédrale d'Angers ; de l'église de la Trinité ; de l'église Saint-Serge ; du Grand Séminaire, ancienne abbaye de Saint-Serge ; de l'hospice général Sainte-Marie ; de l'église Saint-Laud, Paris, Plon, 1899-[1902], 200 p. (Inventaire des richesses d'art de la France ; IV).