Trésors d'archives
Exposition virtuelle de quelques belles pièces d'archives
Cet angle de vue vers le château et le quai Ligny est un des grands classiques des dessins, peintures ou photographies angevines. Peu nombreux sont les dessins ou lithographies antérieurs à la construction du quai Ligny et à la destruction de la tour Guillou que l'on voit ici au premier plan. Cette tour est encore figurée en 1832 sur l'Atlas par polygones du plan de la ville d'Angers de l'architecte François Lecoy. Elle s'avançait dans la Maine, en direction de la casemate du château qui lui faisait face sur l'autre rive (démolie en 1791), de façon que le cours du fleuve soit le mieux possible contrôlé, un droit de péage y étant levé. Il ne restait plus que quelques pieux à ficher dans la Maine et l'on pouvait tendre une chaîne de part et d'autre, d'où l'appellation de basse-chaîne qui est restée au pont s'élevant désormais à cet endroit. Ainsi l'anneau des murailles enserrant la ville depuis le règne de saint Louis, revu et amélioré aux XIVe et XVe siècles, était-il complet, puisque le même dispositif était en place en amont, face à l'hôpital Saint-Jean (haute-chaîne).
Par son décret de Varsovie du 25 janvier 1807, Napoléon Ier autorise la ville à détruire ses fortifications. Il renouvelle l'autorisation lors de son passage éclair à Angers en août 1808. Des boulevards remplacent peu à peu la ligne des remparts. Sur la rive droite, la Doutre, ceux-ci ne sont entièrement abattus que dans les années 1840. En 1835, la tour Guillou est démolie pour faire place au boulevard de Nantes (Gaston-Dumesnil). Sur l'autre rive, le boulevard des Lices est prolongé jusqu'à la Maine (boulevard du Château puis du Général-de-Gaulle) et en 1838, le pont suspendu de la Basse-Chaîne est mis en service. Lors du passage des fantassins du 3e bataillon du 11e léger, qui venait de Rennes et se rendait en Afrique, le pont s'écroule, faisant deux cent vingt-cinq victimes. Il est remplacé par un pont de pierre, de structure traditionnelle.
Au pied du château, le très populeux quartier Ligny servait de port au bois, d'où son nom, et plus largement de lieu de déchargement pour toutes sortes de matériaux. Son activité était intense. S'y retrouvaient les tonneliers, menuisiers, voituriers… Un premier projet de quai à prendre depuis le port Ayrault jusqu'au port Ligny pour la commodité du public est établi en 1691. Les premiers travaux commencent modestement un siècle plus tard, mais les événements révolutionnaires ne permettent pas de les poursuivre. Le 16 mai 1831, les travaux du nouveau quai sont mis en adjudication et, activement menés, ils sont achevés vers 1835. Une ligne d'immeubles, à façade identique, masquant le maquis des petites maisons des XVe-XVIIIe siècles, est dessinée par l'architecte de la ville, Thierry. L'ensemble est terminé vers 1850. Devenu insalubre, le quartier Ligny est entièrement rasé entre 1970 et 1979, dégageant la vue sur les murailles du château.