Trésors d'archives
Exposition virtuelle de quelques belles pièces d'archives
La ville d'Angers, capitale du duché d'Anjou, bien située entre le séjour tourangeau des rois et la Bretagne longtemps menaçante pour le royaume de France, a reçu tous les souverains, de Charles VII à Louis XIII, à l'exception de François II et de Henri III, ce dernier n'y étant venu qu'en tant que duc d'Anjou. L'entrée du jeune Charles IX et de sa mère Catherine de Médicis sur la fin de leur grand "tour" de France est particulièrement bien documentée. Trois principales sources permettent d'en suivre préparatifs, déroulement et financement : les délibérations du conseil de ville, le compte des dépenses et le Journal de Jean Louvet, clerc au greffe civil du présidial d'Angers.
Attendu la veille de la Toussaint, le roi est précédé par son frère le duc d'Anjou (futur Henri III). Ayant prolongé son séjour en Bretagne, Charles IX n'arrive à Angers que le 5 novembre et s'installe pour la nuit au château. Le lendemain, il repasse la Maine en bateau à Lesvière pour se rendre à l'abbaye Saint-Nicolas, hors la ville, où il entend la messe et dîne.
"Puis, du haut d'ung magnificque eschauffault, le roi assiste au défilé des corps et communautés venus lui rendre hommage et le haranguer. Enfin tous s'acheminent en la ville par le portal Sainct-Nicollas jusques en l'eglise d'Angiers et estoient les rues depuys ledict portal ornees de arcs de triumphe, colonnes, statues, histoires, figures, spectacles et tendues de tapisseries precieuses de toutes sortes tout ainsi que l'on a acoustumé tendre le jour et feste du sacre" (BB 30, f° 239-241).
L'itinéraire de la procession, à partir de la place de la Laiterie, suit exactement celui de la grande procession du Sacre, le jour de la Fête-Dieu. Le roi, protégé par un dais comme pour le Saint-Sacrement, est solennellement reçu par l'évêque à la cathédrale. Comme premier chanoine d'Angers, il revêt un surplis. Le Te Deum et l'oraison terminés, il regagne le château.
Les comptes livrent tous les détails de cette entrée dont les décors sont l'oeuvre de l'architecte Jean Delespine, commissaire des oeuvres de la ville, assisté de Nicolas Viriot dit le Lorrain, maître-maçon. Depuis l'entrée de Marie Stuart en 1548, la décoration triomphale de la ville est le trait dominant de l'entrée royale. Apparus vraisemblablement en 1548, les arcs de triomphe figurent pour la première fois de façon explicite à l'entrée de Charles IX. Les tableaux allégoriques vivants sont abandonnés. L'entrée d'Henri II en 1551 avait coûté 4 138 livres. Quatorze ans plus tard, celle de Charles IX revient à 4 077 livres.
Bibliographie : BERTOLDI (Sylvain), "Les entrées des rois et des enfants de France à Angers de 1424 à 1598", Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, 1994, p. 91-107.