Trésors d'archives
Exposition virtuelle de quelques belles pièces d'archives
Acheté en vente publique en décembre 1990, ce drapeau de la garde nationale d'Angers est en soie peinte, dans un état de conservation exceptionnel. Bordé sur trois côtés de franges d'or, il présente sur la face principale les armes de France entourées des colliers de saint Michel et du Saint-Esprit et par deux branches de chêne. Aux quatre angles sont placées les armes de la ville d'Angers, séparées par les inscriptions : Maine-et-Loire - gardes nationales - arrondissement d'Angers. Jam duce nunc rege Andecavi felices. Cette dernière inscription, que l'on peut traduire par "naguère heureux de l'avoir pour duc, les Angevins sont aujourd'hui heureux de l'avoir pour roi", évoque les années 1771 à 1790, lorsque Monsieur, frère de Louis XVI et futur Louis XVIII, était duc apanagé d'Anjou. Au verso, un semis de fleurs de lis et de feuilles de chêne environne l'inscription le roi à la garde nationale.
La garde nationale, milice bourgeoise formée de volontaires chargés de veiller à la sécurité d'une ville, créée en juillet 1789 à Paris, puis dans les villes de province, survit aux changements de régime du XIXe siècle. Sous la Restauration, celle d'Angers est régulièrement citée dans les almanachs du département. C'est en 1818 que la municipalité vote un crédit de 400 francs pour l'acquisition d'un drapeau aux armes de France, faveur accordée par Louis XVIII et le futur Charles X.
Selon toute probabilité, le drapeau conservé correspond à cette acquisition décidée le 20 juin 1818 sur le budget de 1819 :
"Mr. le rapporteur a ensuite remis sous les yeux du conseil deux propositions faites par Mr. le Maire qui sont relatives, la première au prix d'un drapeau aux armes de France accordé à la garde nationale de cette ville par son altesse royale le prince colonel-général (…).
Vous vous empresserez sans doute, messieurs, de voter la somme de 400 F qui vous est demandée pour l'achat du drapeau. Il est convenable que ce signe de ralliement avertisse tous les citoyens des sentimens de reconnoissance et du profont respect que nous devons à l'auguste maison des Bourbons qui est venue nous sauver des dangers dont nous étions menacés.
Le conseil, partageant les sentimens que la commission vient de manifester par l'organe de son rapporteur, s'empresse d'y applaudir et se fait un devoir de consigner ici les sentimens respectueux de sa reconnoissance pour la faveur acccordée à la garde nationale d'Angers, d'avoir un drapeau aux armes de France. Il arrête en conséquence qu'il sera porté au budget de 1819 une somme de 400 F pour en payer le prix" (Délibération du Conseil municipal, 1 D 11, f° 74 v°).
Lors des journées révolutionnaires de 1830, la garde nationale d'Angers fraternise avec les troupes de la garnison et arbore le nouveau drapeau tricolore. L'ancien est soustrait de la destruction, conservé par un officier de la garde nationale et soigneusement transmis de génération en génération. Ce qui explique son état de fraîcheur.
Bibliographie : BERTOLDI (Sylvain), "Un drapeau de la garde nationale d'Angers", dans Vivre à Angers n°144, mars 1991.