1921 - École régionale des Beaux-Arts

Trésors d'archives

Exposition virtuelle de quelques belles pièces d'archives

Créée en 1795, l'école de dessin, transformée en École régionale des Beaux-Arts le 29 juin 1885, a besoin d'un second souffle au début du XXe siècle. Cette école, indique le maire dans un rapport sur la situation municipale en septembre 1913, est à la fois le cauchemar et le remords de toutes les municipalités successives. Dispersée dans des locaux divers, elle doit être nécessairement et incessamment réorganisée.

On nomme pour cela une commission en 1919. Une fâcheuse affaire ayant privé l'école de son directeur en 1920, la réorganisation devient encore plus impérieuse. Le 25 mars 1921, le maire annonce à tous les professeurs, par une lettre qui fait grand bruit, que l'école sera fermée le 15 juillet et tout son personnel congédié, sans engagement de la part de la ville qu'il sera repris dans la future école. La nouvelle organisation est approuvée le 1er juillet en conseil municipal. L'école prend le nom d'École régionale des Beaux-Arts et des Arts décoratifs. Les cours d'arts industriels et d'applications professionnelles sont confiés à la chambre des Métiers. Les professeurs ne seront plus nommés que pour cinq ans, renouvelables s'ils donnent satisfaction. Le 12 juillet, la commission propose Victor-René Livache au poste de directeur, unanime à voir en lui un artiste peintre de grande valeur, d'un caractère très droit, pondéré, calme, modeste, sans cependant exclure la fermeté et l'autorité nécessaires à un directeur.

Cependant le ministère de l'Instruction publique demande l'ouverture d'un concours pour cette nomination. Il est fixé aux 20-22 octobre 1921. Les concurrents sont soumis à cinq épreuves : dessin, peinture, composition décorative, rapport sur l'organisation d'une école des Beaux-Arts, épreuve orale. Le jury est composé du maire d'Angers, des conservateurs du musée des Beaux-Arts et du musée Pincé ; de deux industriels d'art (Lasneret et Merklen, encadreur et peintre-verrier) ; de Fougerat et de Ronsin (directeurs de l'école des Beaux-Arts de Nantes et de Rennes).

 Les candidats sont peu nombreux, ce qu'avait craint le ministère étant donné la modicité du traitement (8 000 francs) prévu pour le directeur qui doit en outre assurer 18 heures de cours. Cinq concurrents sont en lice, V.-R. Livache, Jules Mignon, Michel Péan et Jacques Volot - tous anciens élèves de l'école des Beaux-Arts d'Angers, sauf Pierre Galle qui a fait ses études à Rennes et que le maire de cette ville recommande. Le 21 octobre a lieu l'épreuve de composition décorative : le décor d'une salle à manger de campagne angevine. Les dessins des candidats, oubliés dans les cartons depuis 1921, ont été retrouvés et identifiés. Le projet de Michel Péan, ici reproduit, traduit bien tout le charme du pays angevin. Il porte au verso la devise Buvons, dis, frère Jean, qui devait permettre de l'identifier. L'auteur, né en 1882, avait, selon ses propres termes, des titres modestes, mais des connaissances variées en architecture, sculpture et composition décorative. Le Salon des Artistes français avait reçu une de ses oeuvres en 1911.

 Le 22 octobre, Victor Livache sort vainqueur des différentes épreuves. Né en 1872, fils de peintre, élevé dès son enfance dans les arts, le salon des Artistes avait accueilli en 1910 son tableau le Jeu de la rose, vaste composition de 2 m sur 2,50 m. Son oeuvre était déjà importante, tant en restauration de tableaux anciens, qu'en création, spécialement dans le domaine des maquettes de vitraux : brasserie de la gare Saint-Lazare à Paris, verrière de l'escalier de l'hôtel Bordeaux-Montrieux et vitraux de l'église Notre-Dame à Angers. Son projet pour une salle à manger angevine évoquait le festin de Gargantua, dans des couleurs lie-de-vin. Il sera directeur de l'École des Beaux-Arts jusqu'à sa mort, en 1944, communiquant aux élèves toute son expérience.