1908 - Aviation

Trésors d'archives

Exposition virtuelle de quelques belles pièces d'archives

De même que Bagatelle et Issy-lès-Moulineaux conservent le souvenir de Farman, de Santos et de Blériot ; que la Picardie se souvient des frères Caudron et Le Mans de Wilbur Wright ; l'Anjou garde la mémoire des frères René et Pierre Gasnier, ses pionniers de l'aviation.

 René Gasnier a très tôt manifesté son intérêt pour les machines extraordinaires. Il se passionne pour le cyclisme, puis pour l'automobile. L'aérostation le retient un instant, mais en 1907 il construit déjà son premier aéroplane. Cette même année, la présidence de l'Aéro-club de l'Ouest lui est offerte. A l'été 1908, il procède aux premiers essais de son avion dans les prairies de Rochefort-sur-Loire. L'appareil, qu'il a conçu seul et assemblé lui-même, est un biplan de dix mètres d'envergure, équipé d'un moteur Antoinette de 50 CV. A la mi-août, il fait un vol de plus de cinq cents mètres, à sept ou huit mètres de hauteur. Le 17 septembre, nouvelle performance. Cette fois, le biplan franchit plus d'un kilomètre, mais s'abat brutalement au sol par suite de la rupture d'une corde de piano. L'aviateur en sort avec quelques contusions. Wright est plus chanceux en décembre : il parcourt 99 km sans toucher terre !

 Dès 1908, René Gasnier songe à mettre sur pied un circuit aéronautique. En témoigne sa lettre du 13 décembre à Julien Bessonneau. Ils sont là plusieurs - l'industriel Bessonneau, Maurice de Farcy, Cointreau au tout premier rang - à joindre leurs efforts. Mais le moment n'est pas venu. Gasnier est en correspondance suivie avec l'industriel des filatures et cordages, très impliqué dans les progrès de l'aéronautique. Il lui écrit le 28 avril : Pouvez-vous m'envoyer des échantillons de vos toiles enduites d'aluminium. Des toiles légères. Je désirerais avoir les différents poids par mètre carré, la résistance des toiles et les prix. En 1909-1910, Julien Bessonneau se multiplie, alors que René Gasnier est souvent à Pau où il pilote. Le 23 janvier, Gasnier lui écrit : Je vous remercie de me tenir au courant de vos démarches, mais il me semble que vous réussissez très bien et que vous allez arriver maintenant au but (…) Vous avez dû voir également le nombre de meetings qui doivent avoir lieu cette année. J'espère bien que le nôtre va réussir.

 L'année 1910 est effectivement l'année des meetings d'aviation : à Nice en avril, à Rouen en juin, dans l'Est en août, en baie de Seine… Du 3 au 6 juin 1910, c'est un succès pour le meeting aérien de l'Anjou, suivi par 200 000 personnes. Tous les pilotes sont enchantés. Martinet, Legagneux et Dickson remportent les prix. La journée du lundi 6 juin, écrit le Petit Parisien, marquera une date sensationnelle dans l'histoire de l'aviation. La première course de ville à ville est courue (d'Angers à Saumur)… René Gasnier n'en reste pas là. Après les meetings de 1910, les grandes courses européennes de 1911, il propose un genre nouveau, un circuit de 150 km dans le triangle Angers-Saumur-Cholet, bouclé plusieurs fois. L'Aéro-club de France adhère à cette idée et en fait son Grand prix, baptisé circuit d'Anjou et qui a lieu les 16 et 17 juin 1912. Il y a plus de 120 000 francs de prix. Les plus célèbres aviateurs y participent. L'écrivain Colette y assiste. Roland Garros s'y illustre par son audace, malgré les péripéties météorologiques et remporte le Grand prix. L'événement, d'envergure nationale, est finement relaté par le journaliste de l'Illustration qui n'omet pas de signaler l'organisation parfaite de l'aérodrome par MM. Bessonneau, René et Pierre Gasnier.

Bibliographie : FOUCHARD (Maurice), Au temps des frères Gasnier : les émules d'Icare et l'Anjou, Avrillé, 1986, 282 p. ; LABRIC (Roger), CHAMBE (René) Préf., L'ardente vie aéronautique des Frères Gasnier, Angers, 1948, 132 p.