1878 - Angers en ballon

Trésors d'archives

Exposition virtuelle de quelques belles pièces d'archives

Les deux vues d'Angers en ballon lithographiées en 1840 et celle de 1878 permettent de saisir précisément, et de façon plus parlante que sur un plan, l'évolution urbanistique de la ville. Celle-ci est surtout l'oeuvre de la municipalité Montrieux (1859-1870), et de ses successeurs entre 1875 et 1890. La vue est prise depuis le sud, au-dessus du quartier Saint-Laud dont on aperçoit la nouvelle église, terminée en 1876. Sur la droite, la gare du même nom, inaugurée par Louis-Napoléon Bonaparte en juillet 1849. De nouveaux quartiers se développent avec l'arrivée du chemin de fer, en particulier à l'est de la voie ferrée. Devant le rond point des Magnolias (place André-Leroy) sous lequel passe la voie ferrée, l'Université catholique a élu domicile en 1875, sur d'anciennes pépinières d'A. Leroy. Au-delà, la voie ferrée longe les grands bâtiments du lycée (dénommé David-d'Angers en 1888), datant de la fin du XVIIIe siècle. Puis le chemin de fer longe ce qui est encore, à l'extrémité de la rue Joachim-du-Bellay, terre d'élection des pépinières.

 Entre le lycée et le boulevard, aux environs de la nouvelle église Saint-Joseph (1846-1851), aux tours orgueilleuses achevées en 1875, la bourgeoisie angevine s'est bâti un nouveau quartier. Dans l'axe de l'église a été percée la rue des Arènes. Plus au nord, la grande saignée de l'allée du Mail (avenue Jeanne-d'Arc), prolongée jusqu'à la voie ferrée vers 1900. A son débouché, devant l'hôtel de ville, le jardin de fleurs du Mail créé en 1859 sur une idée donnée par l'exposition de 1858. Au nord de l'allée du Mail, les cheminées de l'usine de cordages Bessonneau ne sont pas encore édifiées, mais le palais de justice vient d'être achevé (1875). Sa façade reste masquée jusqu'en 1902 par un îlot d'immeubles.

 A l'horizon, on aperçoit la prison bâtie sur la butte de Pigeon en 1854-1855. Derrière le jardin des Plantes, qu'un îlot de maisons dérobe à la vue depuis le boulevard (jusqu'en 1893), se trouvent les cheminées fumantes de l'usine à gaz établie en 1843. Le long de la Maine, les vastes prairies Saint-Serge, remblayées à plusieurs reprises, viennent tout juste de recevoir la nouvelle gare Saint-Serge, de la compagnie de l'Ouest (Angers-Laval). Subsiste néanmoins, à l'état de moignon, l'ancien port Ayrault creusé en 1556-1557 sous la direction de Jean Delespine. Sur l'autre rive de la Maine s'élève le nouvel hôpital (1849-1854 et 1860-1865) et l'église Sainte-Thérèse, édifiée à partir de 1857 dans le prolongement du boulevard de Laval. Revenus au premier plan, on observe l'abattoir construit entre 1842 et 1846 près du pont de la Basse-Chaîne.

 L'anneau des boulevards enserrant la ville (rive gauche) et la Doutre (rive droite) reste comme la marque bien visible des anciennes fortifications démolies entre 1809 et 1840. Un très gros effort est réalisé par la municipalité Montrieux, avec l'aide de l'État, pour remblayer les bas quartiers submersibles. L'île des Carmes est rattachée à la rive droite par le comblement du nauséabond canal des Tanneries, remblayé avec les déblais de nivellement de nouveau boulevard Descazeaux (1864-1867). Ce boulevard, coup de bistouri dans la Doutre à partir de l'église de la Trinité, est bien visible sur la lithographie grâce à ses arbres. La place La Rochefoucauld, au-delà de l'ancienne île des Carmes, n'a pas encore été créée par remblaiement de la Maine devant l'ancien hôpital Saint-Jean. En face, rive gauche, le quartier des Luisettes (qui signifie taillis d'osier en patois angevin) est conquis sur des prairies inondables à partir de 1845. En proue du triangle se trouve le cirque-théâtre. Au centre-ville, la place du Ralliement avec la coupole de son nouveau théâtre (1871), est devenue point de rencontre des principales voies de circulation.

Bibliographie : BERTOLDI (Sylvain) Réd., GALLARD (Olivier) Ill., L'Anjou, Angers, 1993, 232 p. (chapitre V : Angers à la conquête de l'urbanisme, XVIIIe-XXe siècles).