1540 - Marchands de Loire

Trésors d'archives

Exposition virtuelle de quelques belles pièces d'archives

Sur la Loire nourricière transitaient autrefois vins, bois, céréales, sel, chanvre, textiles, cuirs, fer, matériaux de construction… Ce riche trafic n'était pas sans embûche, la navigation étant rendue difficile par les inconstances du fleuve. C'est pourquoi les marchands bateliers se sont organisés au XIVe siècle en communauté, lointaine héritière des nautae ligerici de l'époque gallo-romaine. Le nom de la communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire apparaît pour la première fois sous Philippe le Bel. Elle jouit du monopole de la navigation sur le fleuve, veille sur les intérêts de chacun de ses membres. Dès l'origine, elle s'efforce de rendre la navigation plus facile. Pour financer les travaux de balisage, d'entretien du fleuve et des chemins de halage, les marchands lèvent sur eux-mêmes un péage, dit droit de boête, du nom du coffre où les receveurs des péages déposaient leur recette. Ces ressources permettent d'employer un personnel spécialisé, sous la direction de délégués auxquels sont confiées des sections déterminées du fleuve (quinze à la fin du XVe siècle). Elles servent également à soutenir des procès, à réduire le nombre des moulins ou des pêcheries encombrant les cours d'eau, à obtenir la suppression des trop nombreux péages.

 Les marchands de chaque ville élisent des délégués qui se réunissent tous les trois ans à Orléans en assemblée délibérante. Toutes les décisions concernant la vie de la communauté y sont prises. Entre deux assemblées, des délégués sont nommés pour chacune des sections de la Loire. Un conseil permanent réside à l'hôtel de ville d'Orléans, composé d'un procureur général, d'un receveur général, d'un notaire-greffier. Il exécute les décisions des assemblées générales et pourvoit aux affaires imprévues d'ordre général. Orléans avait prééminence sur les autres villes de la communauté. L'assemblée générale s'y tenait de toute antiquité. Les délégués orléanais à l'assemblée générale étaient beaucoup plus nombreux que ceux des autres villes : 19 en 1474, contre 6 à Moulins ; 5 à Tours, Nantes et Saumur ; 4 à Angers et de 1 à 3 délégués pour les autres villes.

 Cette prééminence d'Orléans était mal acceptée par Angers. A maintes reprises, les marchands angevins demandent que l'assemblée générale se tienne alternativement dans chacune des villes de la communauté. Le 16 octobre 1531, ils obtiennent satisfaction du roi, mais la communauté fait appel au Parlement. Après neuf ans de procédures, le Parlement rend son arrêt le 1er juillet 1540, important rouleau de parchemin dont une copie se trouve à la Bibliothèque municipale d'Orléans :

A nostredicte court ordonné et ordonne que quant a present l'assemblee accoustumee estre tenue de troys ans en troys ans en la ville d'Orleans par les marchans frequentans la riviere de Loyre et autres fleuves descendans en icelle pour traicter et adviser a ce qui est necessaire pour la navigation desdictes rivieres ne sera ambulatoire de ville en autre, mais sera permanente et se continuera en ladicte ville (…) comme estant la ville plus commode pour les marchans frequentans lesdictes rivieres…

Bibliothèque : MANTELLIER (Philippe), Histoire de la communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire et fleuves descendant en icelle, Orléans, 1864-1869, 3 vol., 501, 558 et 404-88 p. (réédition, Tours, D. Jeanson, 1987, 2 vol., 696-742 p.).