La nouvelle signalisation touristique à Angers

Chronique historique

par Sylvain Bertoldi, conservateur en chef des Archives d'Angers

Vivre à Angers n° 158, septembre 1992

ITINÉRAIRES HISTORIQUES...

AUTOUR DE LA CATHÉDRALE

La Cité, quartier-refuge jadis protégé par des fortifications, resta jusqu'à la Révolution une ville à part entière, aux mains du clergé. Les beaux hôtels de pierre des chanoines de la cathédrale ouvrent sur la rue un vaste portail tandis que les maisons des simples chapelains sont à pans de bois, construction traditionnelle au Moyen Age. Rue Saint-Aignan, l'agréable logis à tourelle, actuel logis de l'Estaignier, est aussi appelé logis du Croissant en souvenir de l'ordre de chevalerie créé par le roi René en 1448.

La montée Saint-Maurice dont le tracé semble si naturel est pourtant de création récente dans sa partie basse (début XXe siècle). Le quartier du port Ligny masquait autrefois la vue sur la Maine.

La place Sainte-Croix est l'un des plus anciens centres commerciaux d'Angers. C'était autrefois le domaine, avec les rues Montault et de l'Oisellerie, des boucheries et des rôtisseries. La rue Montault est bordée par l'évêché construit au XIIe siècle.

Rue de l'Oisellerie : trois très belles maisons de marchands montrent sur un siècle (fin XVe-fin XVIe s) l'évolution stylistique de la construction à pans de bois avant son abandon au profit de la pierre.

Rue Plantagenêt, hôtel de la Godeline : premier hôtel de ville d'Angers de 1484 à 1529. Son état actuel ne remonte qu'à la fin du XVIe siècle.

La rue Saint-Laud était le principal axe de la ville gallo-romaine avec l'actuelle rue Saint-Aubin. Sous l'Ancien Régime, libraires, apothicaires, artistes, perruquiers, marchands de nouveautés occupaient cette rue très passante. C'est là que l'on vendit, lorsqu'ils apparurent au début du XVIIIe siècle, les premiers parapluies. Au n° 38, l'architecture fleurie du dancing de l'Alcazar (1900-1902), le plus bel édifice Art nouveau d'Angers. On traverse la rue de la Röe sans imaginer que, jusqu'au début du XXe siècle, celle-ci enjambait la rue Saint-Laud par une passerelle la surplombant de plusieurs mètres.

Rue des Poëliers se regroupaient les potiers d'étain, fabricants de casseroles, serruriers. Angers avait acquis une grande importance dans la fabrication de la vaisselle d'étain. Quelques belles maisons de la rue Lenepveu (XVIe-XVIIIe siècles) conduisent à la brillante architecture de l'hôtel Pincé construit vers 1525-1535 pour un maire d'Angers.

Place du Ralliement. Création de la Révolution (1791), elle doit son nom aux patriotes angevins qui s'y rassemblaient dans les premiers temps de la Révolution. Centre de la vie angevine surtout depuis les années 1840.

Rue des Lices surgit l'immense tour Saint-Aubin, ancien clocher de la plus riche abbaye d'Angers. En 1744, Cassini avait établi un observatoire sur la plate-forme de la tour pour ses études sur la triangulation de la ville.

... ET DE LA DOUTRE

Du Grand Sacre au quai des Carmes

Sur la place du Tertre Saint-Laurent, face aux greniers de l'hôpital Saint-Jean, un reposoir néo-gothique, élevé en forme de chapelle de 1875 à 1891, jette une note pittoresque. Il servait de point d'orgue à la procession du Grand Sacre, le jour de la Fête-Dieu. Cette procession avait à Angers une solennité extraordinaire et durait une grande partie de la journée.

La place de la Paix tire son origine de l'ancien cimetière des pauvres de l'hôpital Saint-Jean, supprimé vers 1785 et devenu une agréable place herbeuse. L'appellation "place de la Paix" est une des rares dénominations de l'époque révolutionnaire qui aient subsisté. Toute la place est bordée de maisons remarquables, des XVe-XVIIe siècles, dont l'hôtel Du Guesclin bâti en 1554 à l'angle de la rue de l'Hommeau. Un descendant du célèbre connétable l'acheta au XVIIIe siècle et lui donna son nom.

Rue Malsou, très bel hôtel à tourelle du XVe siècle, remanié au XVIIIe siècle. Le corps de logis attenant (vers 1640) possède une longue toiture à l'impériale (en carène renversée).

La rue de la Harpe conserve les restes du couvent des Augustins : pavillon daté de 1634 et chapelle construite à partir de 1468 par les soins de Bertrand de Beauvau, diplomate de Charles VII et de Louis XI.

Le percement du boulevard Descazeaux entre 1864 et 1866 a fait découvrir aux promeneurs les façades gothique et Renaissance de l'hôtel des Pénitentes jusque-là masquées. Les déblais du boulevard servirent à combler le bras de la Maine appelé canal des Tanneries. La partie de la Doutre comprise entre le boulevard du Ronceray et le quai des Carmes était jusqu'à cette date une île, nommée île de la Savatte.

Les marchands de lait, d'oeufs et de fromages se réunissaient jadis place de la Laiterie. Subsiste ici le plus bel ensemble de maisons de marchands à pans de bois dont celle de l'apothicaire Simon Poisson, datée de 1582. Le bas de la rue Lionnaise et la rue Pinte qui débouchent sur la place donnent encore une bonne idée de ce qu'étaient les rues au XVIe siècle.

Rue Beaurepaire, au n° 16, entrée du Mont de Piété créé en 1684 et installé au fond de la cour des Tourelles dans une construction à la façade Louis XIII.

Les quais étaient autrefois très animés d'un important commerce fluvial : blé, bois, ardoises, tuffeau, sable, charbon, canne à sucre pour la raffinerie de la rue des Carmes. Jusqu'en 1838, le pont de Verdun était la seule liaison entre les deux parties de la ville. Dans son état actuel, il date de 1846-1848. Il existait bien un pont dit "des Treilles" un peu plus en amont, mais seuls les piétons pouvaient l'emprunter.