Le XIXe siècle

La Révolution

La Révolution est bien accueillie. Un parti patriote se forme autour de jeunes avocats, de Volney et de La Révellière-Lépeaux. Le territoire de la commune acquiert sa configuration actuelle (4 200 hectares) avec le rattachement (entre 1790 et 1793) des trois anciennes paroisses rurales de Saint-Samson, Saint-Léonard et Saint-Augustin, ce qui porte la population à environ 33 900 habitants.

Le consensus général cesse après le vote de la Constitution civile du clergé : seuls 22 % des ecclésiastiques prêtent le serment requis. Les événements de 1793 laissent des traces sanglantes. La ville est occupée pendant quinze jours par les Vendéens, reprise par les Républicains, à nouveau assiégée par les Vendéens, cette fois sans succès. Le représentant en mission Francastel y organise la Terreur à partir d'octobre. Deux mille personnes sont fusillées au clos de la Haye-aux-Bonshommes, aujourd'hui Champ des Martyrs.

Deux décisions relancent les projets d'urbanisme : la vente des biens nationaux et le décret impérial de 1807 autorisant la destruction des fortifications. Dès 1791, on aménage la place du Ralliement par la suppression de trois églises.

 

« Nouvelle parure »

Angers change progressivement de visage au XIXe siècle : la ceinture des boulevards remplace les anciennes fortifications et s'achève vers 1850-1860 avec les derniers lotissements ; dans le prolongement des boulevards sont construits les ponts ; la Maine est enfin bordée de quais ; le chemin de fer arrive en 1849, l'eau de Loire commence à couler dans les robinets en 1856. On régularise le cours de la Maine et on remblaie les bas quartiers pour lutter contre les inondations.

Les travaux s'accélèrent sous le Second Empire : plusieurs rues sont ouvertes ou repercées autour de la place du Ralliement qui devient le centre nerveux de la ville. On y construit des immeubles suivant le modèle haussmannien à partir de 1870. La reconstruction du théâtre sur cette même place, après son incendie en 1865, est pour beaucoup dans le remodelage général des abords : c'est un véritable palais des Arts qui est élevé pour plus d'un million deux cents mille francs. La ville se pare de statues, la première étant celle du roi René en 1853. Après 1880-1890, les travaux s'étiolent.

« L'Athènes de l'Ouest »

Face à ces changements, Angers reste un centre intellectuel et musical actif : l'école des Arts et Métiers est installée au Ronceray depuis 1815, l'université renaît sous la forme d'une université catholique avec monseigneur Freppel (1875) qui qualifie pompeusement Angers d’«Athènes de l'Ouest ». De nombreuses écoles sont ouvertes à la fin du siècle : école des Beaux-Arts, école de notariat, d'agriculture… Les élites angevines se regroupent dans de nombreuses sociétés savantes, fréquentent le Grand-Cercle, visitent les expositions de la Société des Amis des Arts, participent aux conférences de l'Académie recréée. La Société des concerts populaires invite les grands compositeurs Gounod, Massenet, Delibes, Saint-Saëns… à venir diriger eux-mêmes leurs oeuvres. À partir de 1848, la municipalité décide d'entretenir une troupe lyrique permanente.

Les expositions font florès. En 1835 s'ouvre la première exposition industrielle et artistique. C'est le début d'une série qui remportera un vif succès. Le jardin du Mail est une heureuse conséquence de la sixième exposition, en 1858. Ville de pépinières, Angers organise en 1842 la première exposition de roses qui réunit plus de quatre cents variétés, avant celle des dahlias, trois mois plus tard. En 1849, la poire « Doyenné du Comice » est inventée au Jardin fruitier par le Comice horticole fondé au sein de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts.

L'économie

Les activités économiques restent traditionnelles : agriculture et horticulture, distillerie (Cointreau, Giffard, Rayer), extraction de l'ardoise et surtout textile. La transformation du chanvre et du lin est la grande spécialité. Toutes les usines textiles sont absorbées par une seule société en 1901 : la Société anonyme des filatures, corderies et tissages Bessonneau. Cette entreprise, qui emploie plus de cinq mille ouvriers - dont 60 % de main-d'oeuvre féminine - à la fin de la première guerre mondiale, va longtemps empêcher l'implantation d'autres grandes industries. Parapluies et chaussures complètent l’éventail des activités angevines.