La ville comtale

 

De Foulque à Jean sans Terre, Angers s'accroît considérablement. Un réseau de bourgs et de faubourgs se développe à partir des anciens lieux de culte, reconstruits. Les monastères retrouvent une prospérité d'autant plus grande qu'ils adoptent la règle de saint Benoît. Au cours du XIe siècle, de nouveaux collèges de chanoines se forment dans plusieurs églises, dont Saint-Laud et Saint-Martin.

Le grand Foulque Nerra (987-1040) fonde la puissance angevine. C'est certainement le comte d'Anjou qui a laissé l'empreinte la plus durable. Dans les années 1020, il restaure l'église Saint-Martin, actuellement le plus ancien monument d'Angers. Ses fondations bénédictines sur la rive droite - Saint-Nicolas (avant 1020) et Notre-Dame-de-la-Charité (en 1028, dite abbaye du Ronceray à partir du XVIe siècle) - donnent naissance à un nouveau quartier appelé la Doutre, étant donné sa situation outre-Maine. Pour desservir ses fondations, Foulque Nerra fait construire le premier pont de pierre d'Angers, à l'emplacement du pont de Verdun.

Geoffroi Martel (1040-1060) continue l'oeuvre de son père qui s'inscrit pleinement dans le renouveau urbain du XIe siècle. Il établit un prieuré dépendant de sa fondation de Vendôme sur la colline de l'Évière en 1047. L'essor de la ville, qui est aussi intellectuel avec la célèbre école épiscopale de Marbode, se poursuit sous ses successeurs les Plantagenêts, peu à peu maîtres d'un vaste empire, des Pyrénées à l'Angleterre. En 1152, l'historien anglais Raoul de Diceto vante l'opulence d'Angers que le second art roman marque d'importants édifices. Ceux-ci ont malheureusement presque entièrement disparu : Saint-Aubin, Saint-Nicolas, le palais comtal qui précéda le château de saint Louis, l'abside de l'abbatiale du Ronceray… Subsistent le palais épiscopal, à la magnifique salle synodale, et une partie du cloître de l’abbaye Saint-Aubin. Vers 1180, Henri II Plantagenêt favorise la construction de l'hôtel-Dieu Saint-Jean dont la salle des malades, la chapelle, le cloître et les greniers forment aujourd'hui l'ensemble hospitalier médiéval le plus remarquable de France et le plus ancien, après l'hôpital de Laon.