M et P

Mise à jour : 31 janvier 2006

M

Marbode (Angers 1035 - 1123), maître-école de la cathédrale d'Angers, puis évêque de Rennes, élu sur la recommandation de Robert d’Arbrissel. Poète, écrivain et orateur réputé, c’était un ami du grand poète Hildebert de Lavardin, évêque du Mans. Marbode a notamment écrit le Libellus de lapidibus pretiosis, où il énumère les propriétés des pierres précieuses, livre typique du symbolisme médiéval, en partie emprunté à Isidore de Séville. Parmi ses élèves : Baudri de Bourgueil, Robert d'Arbrissel, Geoffroi de Vendôme, sans doute Geoffroi Babion…

 

Ménage (Gilles) (Angers 1613 - 1692), poète précieux et grammairien, né à l’actuel n° 28 de la rue David-d’Angers. Ami de Guez de Balzac et de Chapelain, familier de l’hôtel de Rambouillet, précepteur de Mmes de Sévigné et de La Fayette, il est en relation avec tous les « beaux esprits » de son temps, correspondant de la reine Christine de Suède, pensionné par les cardinaux de Retz et de Mazarin. Une sorte d’académie, les Mercuriales, se réunit chez lui. Molière raille son pédantisme sous les traits de Vadius dans Les Femmes savantes. Polygraphe, il a laissé un nombre impressionnant d’ouvrages, en particulier sur la langue française et son étymologie. Le Menagiana (1693) garde le souvenir de ses conversations et de ses bons mots. Il a créé l’expression « tulipomanie ».

 

Mercier (Jean-Adrien) (Angers 1899 - 1995), peintre, affichiste très apprécié de l’entre-deux-guerres, décorateur et illustrateur. En 1924, il remporte le concours pour la réalisation de l’affiche de la première foire-exposition d’Angers : ce sera une solide paysanne angevine. De 1925 à 1942, il réalise plus de 110 affiches de cinéma pour les plus grands metteurs en scène, travaille également pour le théâtre (Jacques Hébertot) et la publicité, crée des lithographies pour La Chatte de Colette, illustre Les Métamorphoses d’Ovide, les Nuits de Musset… La Compagnie Générale Transatlantique lui confie la décoration de la grande salle de jeux des enfants du paquebot France et la French Line quelques-uns de ses menus : huit sont consacrés aux fables de La Fontaine, entre 1956 et 1961 ; d’autres reproduisent les illustrations de son livre Nos vieilles chansons françaises, publié en 1946. Toutes ses œuvres font montre d’une grande inventivité. Son pays natal et sa belle propriété de Châteaubriant près de la Baumette ont largement contribué à son inspiration. Sa devise n’était-elle pas : « Où que je sois, je suis ancré en Loire » ? Ses cartes de visites portaient les mots «Peintre, illustrateur, affichiste », selon un ordre variant à chaque réimpression en fonction de ses travaux du moment.

 

Mérodack-Jeaneau (Alexis Jeaneau, dit) (Angers 1873 – 1919), peintre, théoricien de l’école synthétique. Membre du Salon des Indépendants, où il expose à partir de 1896, il s’attache à faire connaître l’art de son temps : animateur d’une galerie, « œuvre de vente sans intermédiaire », il fonde en 1904 la revue Les Tendances nouvelles, qui paraît jusqu’en 1914. En 1907, il organise à Angers une grande exposition de peinture contemporaine baptisée « Musée du peuple ». Sa peinture, marquée par le symbolisme et son maître Gustave Moreau, doit également beaucoup aux recherches des expressionnistes et des fauves.

 

Moreau (Jean-Baptiste) (Angers 1656 – Paris 1733), musicien. Enfant de choeur de la maîtrise de la cathédrale d’Angers, puis maître de chapelle à Langres et à Dijon, Louis XIV le nomme musicien de la maison du roi, puis maître de musique des demoiselles de Saint-Cyr. Il y compose la musique des choeurs d'Esther en 1689 qui obtient grand succès. Il eut pour élèves Clérambault et Dandrieu.

Morlay (Blanche Fumoleau, dite Gaby) (Angers 1893 – Nice 1964), actrice de cinéma. Fille de Jules Fumoleau, boulanger et de Marie-Madeleine Gicquiaud, ménagère, elle vient au monde 17 rue Marceau. Elle est d'abord, avec sa soeur, blanchisseuse rue Toussaint, puis "monte" à Paris où elle débute au théâtre en 1912, grâce au directeur des Capucines, sous le pseudonyme de Gaby de Morlaix, puis sous celui de Gaby Morlay. L'année suivante, elle se tourne vers le cinéma. Elle tourne avec Max Linder dans Le 2 août 1914 et avec Charles Burget dans Les Épaves de l'amour (1916). Louis Verneuil et Bernstein la remarquent. Elle peut interpréter tous les genres et sa carrière est bien remplie : cent un films. Elle joue jusqu’à sa mort. C'est la première femme à avoir passé un brevet de pilote de dirigeable.

Ernest Mourin (1822-1900)
Maire d’Angers en 1876-1877 et 1878-1879, puis pendant 14 ans recteur d’académie à Nancy. Officier de la Légion d’honneur (19 juillet 1892) et de l’instruction publique (30 septembre 1849).
Né le 24 avril 1822, à Sisteron (Basses-Alpes), il est décédé le 24 janvier 1900 à Nancy.
Ernest Mourin, licencié ès lettres en 1845 à Lyon, opte pour une carrière d’enseignant. Agrégé d’histoire en 1849, il arrive au lycée d’Angers en 1853. A son enseignement d’histoire au lycée s’ajoute, en 1855, celui de professeur d’histoire de France et de géographie physique et politique à l’Ecole préparatoire à l’enseignement supérieur des lettres et des sciences nouvellement créée.  C’est à l’amitié de l’archiviste Célestin Port qu’il devrait le choix de sa thèse, soutenue à Paris en 1856 : « La Réforme et la Ligue en Anjou ». Outre sa thèse, Mourin publie un opuscule sur Les ardoisières d’Angers (1864) ; De l’instruction primaire obligatoire et gratuite (1865) ; La vie politique en province (1868) ; Les Comtes de Paris (1869). Présenté par Guizot à l’Académie française, ce dernier ouvrage obtient le prix Gobert en 1871 et en 1872.
En 1858, il épouse à Angers Elisa Bigot dont le père est banquier. La même année, il obtient une mutation à Nantes, mais la cécité de son beau-père le ramène à Angers en 1861. Le couple a un garçon, Elie (1863-1958), futur Saint-Cyrien (1882).
Commence alors pour lui une intense activité politique. Considéré comme un leader de l’opposition républicaine, il est élu au conseil municipal en 1865. Il nourrit une grande admiration pour Grégoire Bordillon dont la mort brutale le 4 juillet 1867 l’affecte beaucoup. Il entre en relation avec Jean Macé (1815-1894), qui s’employait à fonder la Ligue de l’enseignement. Mourin en devient le principal représentant pour le Maine-et-Loire. Il est réélu au conseil municipal en août 1870, mais ce conseil est dissout après la déchéance de l’empereur. Aux élections du 30 avril 1871, il retrouve son siège au conseil, comme adjoint au maire Alexis Maillé. En octobre, il recueille dans le département les signatures d’une pétition en faveur de l’instruction primaire gratuite et obligatoire. Il fonde un cercle angevin de la Ligue de l’enseignement auquel il donne des conférences. En tant qu’adjoint au maire, il approuve les statuts de la jeune Société d’études scientifiques en décembre 1871. Opposé à Thiers qu’il juge trop complaisant avec les adversaires de la République, il démissionne de sa fonction d’adjoint le 15 juillet 1873, requis par la gestion des affaires financières de sa belle-famille après le décès d’Elie Bigot. En 1876, il est battu aux élections législatives par le royaliste légitimiste Théobald de Soland, mais il est élu maire d’Angers le 11 mai. Il remplace Aimé-Etienne Blavier, destitué. Révoqué le 28 juillet 1877 dans le mouvement de réaction qui suit le coup de force du maréchal de Mac-Mahon, il est à nouveau battu par Soland aux législatives d’octobre 1877. Rétabli maire d’Angers le 4 mars 1878, il est battu aux élections sénatoriales de janvier 1879.
Sous la présidence de Jules Grévy et le ministère de Jules Ferry, le 1er décembre 1879, il est nommé recteur de l’académie de Meurthe-et-Moselle et renonce à la mairie d’Angers. A Nancy, il a la charge de mettre en œuvre les grandes lois républicaines des années 1880. Avec ce paradoxe qu’apôtre convaincu de la décentralisation, il a contribué à l’entreprise d’unification de la Troisième République. Son oeuvre lorraine est très importante : développement des lycées ; ouverture de cours secondaires de filles à Saint-Dié, Bruyères et Remiremont ; création du collège de Longwy ; préparation d’un lycée public de jeunes filles à Nancy (inauguré en 1900) ; achèvement du palais universitaire et organisation de la bibliothèque universitaire de Nancy ; réunion des facultés en une université ; création de l’Institut chimique, de l’École de brasserie, de l’Institut anatomique... A Angers, comme à Nancy, il a participé activement à la vie des sociétés savantes. En 1857, il est l’un des quatorze membres fondateurs de la Société académique de Maine-et-Loire. Plusieurs de ses membres, professeurs du lycée, continueront leur carrière comme lui à Nancy : Paul Vidal de Lablache, Antonin Debidour, Armand Biéchy, Victor Egger.
(Notice de Josette Fournier, professeur honoraire de chimie à l’université d’Angers)

P

Poperen (Jean) (Angers 1925 – Paris 1997), agrégé d’histoire, universitaire et homme politique. Son père Maurice-René était instituteur, sa mère brodeuse. Il adhère au parti communiste de 1943 à 1959, puis s’inscrit au parti socialiste unifié (1960-1969) et enfin au parti socialiste, dont il est le numéro deux de 1981 à 1987. Maître de conférence d'histoire à l'université de Paris I, député socialiste du Rhône (1973-1988), maire de Meyzieux à partir de 1977, ministre chargé des relations avec le parlement (1988-1992). Faisant partie de l’aile gauche du PS, il a refusé toute alliance avec les centristes. Il a écrit une dizaine d’ouvrages politiques.

Poyet (Guillaume) (Angers 1473 – Paris 1547), chancelier de France, fils d’un avocat, lui-même avocat au Parlement de Paris. C’est Louise de Savoie qui assure les débuts de sa carrière. Devenu chancelier de France, premier grand officier du royaume et maître de la justice, il légifère abondamment. Son œuvre la plus importante reste l'ordonnance de Villers-Cotterêts, dite la Guillelmine, qui servit de code de procédure criminelle pendant une partie de l’Ancien Régime. Elle ordonne aussi aux curés de tenir des registres de baptême, base de notre futur état civil.

 

Proust (Joseph-Louis) (Angers 1754-1826), chimiste, pharmacien en chef à la Salpêtrière. Il établit contre Berthollet la loi des proportions définies, qui porte son nom. Premier « aéronaute », il s’envole avec Pilastre de Rozier dans la montgolfière présentée au roi, à Versailles, le 23 juin 1784. Professeur de chimie à l’école d’artillerie de Ségovie à partir de 1787, c’est pendant son séjour de vingt ans en Espagne qu’il réussit à extraire le glucose du raisin.