Ce dessin s'inspire des cartes postales qui témoignent de cet édifice qui trônait sur l'actuelle place Molière.
Dans la nuit du 4 au 5 décembre 1865, un incendie détruit entièrement le théâtre, place du Ralliement.
Deux particuliers, Morel et l'architecte Racine, de Tours, en profitent pour présenter au maire le projet d'un cirque-théâtre, formule architecturale habile et économique qui permet de disposer, selon les besoins - comme dans certains amphithéâtres gallo-romains - d'une scène ou d'une arène.
Ce n'est pas leur coup d'essai : ils viennent d'achever une construction similaire à Tours. Leur plan est simple : moyennant concession gratuite du terrain par la ville pour une période de quinze ans, l'eau et le gaz pour les représentations étant gratuits, ils s'engagent à construire un bâtiment en matériaux légers dans l'espace de quatre mois. Les bénéfices de l'exploitation les rembourseraient, et au-delà.
Le traité est conclu le 5 mai 1866 : la construction, une ossature de bois remplie de briques de couleur, s'élève place Molière.
Terminé à la fin du mois d'octobre, le bâtiment est inauguré le 10 novembre 1866. Dans sa version cirque, il peut accueillir 1 600 personnes autour d'une piste de treize mètres de diamètre. Un parterre de 400 places porte sa capacité à 2 000 places pour les représentations théâtrales.
Cette formule connaît un énorme succès. Vingt-quatre autres cirques se sont élevés en France, surtout dans les villes au nord de la Loire : Paris, Amiens, Lille, Roubaix, Rouen Elbeuf, Troyes, Reims… Dans l'ouest, seules les villes de Nantes et d'Angers en eurent un. Contrairement à beaucoup, celui d'Angers est une construction légère qui n'emploie pas la pierre.
Le cirque-théâtre était par excellence la salle de spectacle populaire d'Angers. Toutes sortes de manifestations s'y sont déroulées : théâtre, opérettes, revues de music-hall, spectacles de variétés, cirque assurément, mais aussi concerts, conférences, meetings politiques, cinéma, sport, distributions des prix des écoles publiques… Les concerts donnés par la Société des concerts populaires deviennent sa marque particulière car, de l'avis unanime, son acoustique était parfaite.
Cependant, la deuxième guerre mondiale lui est fatale. Pour des raisons de chauffage et de vétusté, les concerts populaires l'abandonnent en mars 1941. Après les bombardements de mai 1944, il sert de morgue. Entretenu sommairement, n'ayant pas été construit pour durer, le bâtiment tombe sous la pioche des démolisseurs en mai-juin 1962.